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— Ne vous chagrinez pas, mon ami. Prenez patience. Plus tard, remonté sur le trône, vous oublierez tous ces mauvais moments.

— Non, dit le jeune homme, je ne serai jamais roi. Ja-Jo-Mi me fera tuer.

Tcheng-Y, lui donnant gentiment une petite tape sur la joue, dit :

— Cessez de vous désoler. Vous verrez que l’avenir vous sourira.

Ainsi s’écoulèrent plusieurs jours. Un après midi, les deux jeunes gens étaient allés s’asseoir comme de coutume sur un banc dans le jardin. Le jeune prince, riant dédaigneusement, désigna du regard à Tcheng-Y des tombes éparses dans l’herbe ensoleillée.

— Pourquoi riez-vous ainsi ? demanda-t-elle.

— Pourquoi ? répondit-il, doucement et comme dans un songe. Je ris en songeant à la vie qui n’est qu’une longue suite d’amertumes et de regrets et qui dure si peu ! Telles les mouches qui volent le temps d’un rayon de soleil, tels nous ne vivons qu’un instant ! Nous recherchons les honneurs,