San-Syeng et son épouse n’avaient pas entendu ces paroles. Ils s’étaient endormis. La jeune femme eut de nouveau un rêve dans lequel elle vit son père. « Ma fille, lui dit celui-ci ; vous courez un grand danger. La vie de ton mari est menacée. Lève-toi et va voir ce qu’il y a derrière la porte. Trouve un moyen pour faire échapper ton époux et donne-lui mon cheval favori pour qu’il puisse prendre la fuite ; tu lui remettras aussi mon sabre. Vous serez séparés quelque temps, mais vous vous retrouverez. »
Réveillée, la jeune femme alla doucement ouvrir la porte. Elle aperçut le domestique.
— Que fais-tu là, ainsi armé ? lui demanda-t-elle.
— Je monte la garde, sur les ordres de votre mère, et je dois tuer la première personne qui sortira de votre chambre.
— Mais, ma mère est folle. Il n’y a personne chez moi. Je voulais justement aller te réveiller pour te demander d’aller faire une commission. Je voudrais écrire, et ne possède plus une seule feuille de papier. Veux-tu aller m’en chercher ?