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riante, s’arrêtant pour prendre un brin d’herbe qu’elle mettait entre ses lèvres. On eût dit qu’elle jouait de la flûte, si doux était le son qui s’échappait de sa bouche. D’autres fois, elle ramassait une branche morte et s’amusait à en frapper les feuilles dont elle jonchait le sol. San-Syeng la contemplait avec bonheur et ne faisait pas un mouvement. On eût dit un chat guettant une souris. Arrivée à quelques pas de lui, la jeune fille s’arrêta comme effrayée, et fit un mouvement de recul. Alors San-Syeng s’avança vers elle. « Comme elle est belle », pensait-il. Telle était son émotion qu’il ne trouva pas un mot à dire. La jeune fille de son côté restait muette. « Il faudrait, pensait San-Syeng, que mes premières paroles pussent exprimer tout l’amour que j’éprouve pour elle, mais j’en suis incapable. De quel sentiment est-elle animée à mon égard ? Comment m’en rendre compte ? A-t-elle un cœur tendre et aimant, ou bien la méchanceté a-t-elle déjà pénétré dans cette jeune âme ? Ayons recours à un stratagème. »

Soudain, la jeune fille vit San-Syeng s’affaisser