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DANS LES MERS ASIATIQUES.

Et comment voulez-vous qu’ils commercent et naviguent au long cours, puisqu’ils n’ont pas de colonies, et que les droits et les prohibitions leur ferment les colonies étrangères ?

Dira-t-on que nous n’avons pas le caractère aventureux des Anglais ?

Quelle erreur ! Où trouver un peuple plus chevaleresque que le peuple français, et quel meilleur voyageur que celui qui est toujours soutenu par l’entrain, la gaieté, l’ardeur et l’ambition ?

Mais, si depuis soixante ans la France a concentré sur elle-même toute son attention ; si elle n’a point cherché aventure au dehors, c’est qu’elle était tellement incertaine de son avenir politique, qu’elle ne savait pas si le lendemain elle serait encore elle-même.

Dira-t-on que les Français ne voudront pas aller chercher fortune en Asie ?

Depuis le commencement de l’insurrection indienne, l’ambassade anglaise à Paris a été assaillie de demandes d’emploi dans la Compagnie des Indes, demandes qui ont toutes été repoussées par l’esprit exclusif de la Grande-Bretagne. Si dans une guerre aussi meurtrière il s’est présenté des Français pour servir l’Angleterre, que serait-ce si la France allait faire en Asie une expédition ne présentant aucun danger sérieux et offrant d’immenses chances de fortune ?

Craindra-t-on l’influence des puissances étrangères ? Qui oserait en ce moment nous arrêter ?

Est-ce l’Angleterre, tremblant à si juste titre pour le maintien de son exploitation de l’Inde, craignant à chaque instant un débarquement sur ses côtes, et sentant,