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LA FRANCE

sommes si considérables pour l’amélioration d’une colonie ne pourra jamais être soupçonnée d’exploitation des peuples.

Loin de là, les contrées où nous pénétrerons auront tout à gagner de notre présence.

La France assurera la tranquillité de ces nations actuellement déchirées par des luttes intestines, et ouvrira un écoulement à leurs produits restés à vil prix par l’absence de débouchés.

Notre œuvre sera donc humaine et civilisatrice ; et, en nous attirant l’amour des peuples, nous aurons assis notre puissance sur des bases inébranlables.

Dira-t-on que cette entreprise ne doit pas enrichir le peuple français, et s’appuiera-t-on sur l’exemple de la Grande-Bretagne, où la misère du peuple n’a fait qu’augmenter depuis la création de la Compagnie ?

Si en Angleterre la misère augmente, chaque jour, c’est que le peuple supporte tous les impôts, tandis que l’oligarchie et le haut commerce profitent presque seuls des richesses coloniales.

En France, au contraire, les droits et les devoirs sont uniformes pour tous. Aussi les bénéfices coloniaux seraient tout autres pour notre pays que ceux de la Compagnie des Indes pour l’Angleterre ; car, au lieu d’enrichir démesurément une seule caste, ils se répandraient sur le peuple entier et augmenteraient à la fois la fortune publique et la fortune particulière.

Dira-t-on que les Français n’ont pas le génie maritime et commercial ?

Ils l’avaient bien sous Louis XVI, lorsqu’ils possédaient la première marine du monde !