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DANS LES MERS ASIATIQUES.

est d’attribuer ses chagrins à l’état social existant, et d’en désirer la modification ou la chute.

Telle est l’origine de bien des factions politiques. Croit-on que la plupart de ceux qui professent telle ou telle opinion sachent le plus souvent ce qu’ils demandent, sachent même ce qui existe ? Non, ils savent qu’ils sont mécontents de leur sort et demandent à changer.

Mais au-dessus des mécontents vulgaires se dressent bientôt les hommes d’une capacité supérieure.

Les masses populaires, trouvant en eux la force intellectuelle qui leur manque, les entourent et leur forment un piédestal.

L’attitude de ces hommes est redoutable, car leur voix sait toucher le peuple, leurs écrits le pénètrent, et bientôt leur influence augmente d’une façon telle, qu’ils en arrivent à ébranler l’équilibre de l’État.

La plupart des gouvernements qui se sont succédé en France ont employé bien des moyens contre l’agitation et les agitateurs : la répression, les mesures préventives, tout a été mis en œuvre.

Mais ils ne se sont jamais occupés d’ouvrir à ces esprits turbulents une carrière où ils pussent donner essor à leurs capacités et à leurs aptitudes ; aussi l’agitation a continué.

On a modifié de toutes les manières possibles les formes constitutionnelles : toujours l’agitation a continué ; et la France a été déclarée un pays incapable de conserver une forme quelconque de gouvernement.

Quelle est en effet la forme gouvernementale, monarchique ou républicaine, libérale ou absolue, qui aura des