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LA FRANCE

villes tout ce qui est luxe, richesse on intelligence, une émigration continuelle a quitté les champs pour s’élancer vers les cités.

Pendant que les bras manquaient à l’agriculture, l’encombrement se produisait dans les villes. En ce moment les professions y sont tellement envahies, que pour arriver à une place honorable, sans parler des premiers rangs, il faut une patience, une persévérance, une volonté infatigables.

Il faut le dire, après de longs travaux, quelques-uns, un bien petit nombre, arrivent au but de leurs désirs, mais quand leurs cheveux ont blanchi et qu’ils ne peuvent plus jouir de leur triomphe.

Mais les autres ? Les autres resteront dans la médiocrité, s’ils ne tombent pas dans la misère.

Alors les déboires de l’espérance déçue leur montrent comme une marâtre la société qui ne donne pas à tous ses enfants la vie heureuse et indépendante ; et ils jugent mauvais et mal organisé ce monde où ils se trouvent mal placés eux-mêmes.

Sans doute aucune œuvre humaine n’est parfaite, et dans toute institution il y a toujours place pour le progrès ; mais personne ne voit les plaies sociales d’un œil aussi irrité que celui dont l’âme est aigrie par le découragement et les chagrins.

Dans un pays où le pouvoir est centralisé comme en France, et où tout dépend de l’État, le premier mouvement de tout être qui souffre est d’accuser le gouvernement de sa souffrance. Il ne cherche pas à savoir si lui-même a pris une fausse route, si par d’autres moyens il pourrait arriver au bien-être. Sa pensée la plus naturelle