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DANS LES MERS ASIATIQUES.

Mais il est du plus haut intérêt de voir que c’est précisément à la privation d’un système colonial qu’elle doit attribuer en partie les troubles qui l’ont déchirée.

En dehors des causes ou des prétextes de l’agitation en France, il est curieux d’examiner ce qu’étaient les hommes qui l’ont produite.

Pas plus qu’ailleurs les révolutions n’y ont été faites par les classes pauvres.

Le peuple s’est associé aux mouvements quand ils se sont produits, mais l’impulsion première a toujours été donnée par des agitateurs qui le conduisaient et étaient rarement tirés de son sein.

Les agitateurs ont presque toujours été des hommes que leur intelligence, leurs capacités, leur instruction, leur ambition même, plaçaient au-dessus du vulgaire.

Leurs aptitudes les portaient vers les grandes choses, vers la lutte et la suprématie. Souvent, pleins de courage, de nobles qualités, de dévouement et d’amour de l’humanité, ils ont, en voulant donner au progrès une marche trop rapide, amené les malheurs et presque la décadence de l’État.

Si, de même que les cadets anglais, ces hommes, cadets de la fortune et fils aînés de l’intelligence, avaient reçu la mission de civiliser de vastes contrées dans l’enfance, ils auraient accompli des prodiges ; mais, au lieu de voir devant eux un large horizon en proportion avec leurs capacités et leurs désirs, ils ont été renfermés dans le cercle étroit d’une vie restreinte, ils ont été arrêtés, à chaque pas, par ces mille obstacles qui exaspèrent les organisations fougueuses.

Depuis que la civilisation a réuni dans les grandes