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DANS LES MERS ASIATIQUES.

plus rien à craindre de ses cadets du jour où elle leur procurerait le bien-être et la richesse.

De plus, la riche bourgeoisie, qui, concurremment avec la noblesse, possède l’immense commerce formé par les relations coloniales, se trouve encore liée à elle par la crainte de la guerre civile, qui attaquerait profondément ses intérêts. Elle est d’ailleurs retenue par l’espérance que chacun de ses membres a d’entrer un jour dans la noblesse, et n’ose faire aux abus aristocratiques qu’une opposition bien mitigée.

L’Irlande, éloignée de l’Angleterre par la différence de religion, par l’oppression politique et l’horreur de la misère, était assurément de nature à effrayer une autre puissance que la Grande-Bretagne. Celle-ci employa avec elle le même système : à tous ceux qui, s’élevant au-dessus des autres, étaient de nature à l’effrayer, elle donna des places dans la Compagnie des Indes, dont l’armée et l’administration contiennent un nombre considérable d’Irlandais.

Le gouvernement anglais, trouvant dans son système colonial une garantie presque absolue de sécurité, ne s’inquiéta pas de restreindre les libertés populaires, sachant qu’il n’aurait rien à en craindre tant qu’il prendrait soin d’empêcher la formation d’une classe influente de mécontents ; et le peuple anglais put se considérer comme le plus libre et le plus avancé des peuples d’Europe, parce que seul il avait le droit de se réunir dans des meetings et d’y vociférer à sa fantaisie. Quelquefois, lorsque la misère était trop horrible, le peuple a osé pousser contre la noblesse des cris de colère ; mais que pouvait-il obtenir, n’ayant pour chefs les plus énergiques