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DANS LES MERS ASIATIQUES.

terre, considérant les mers d’Asie comme sa propriété, déclarait que nous ne voyagions pas dans ces parages et n’étions pas intéressés à cette question.

Et la France se taisait encore.

Mais bientôt une rumeur sourde et profonde commence à circuler, comme ces brises lentes et lourdes qui précédent la tempête.

Le souvenir du passé, les insolences de chaque jour, la crainte de l’avenir, jettent tous les cœurs français dans une agitation indescriptible. Les uns s’écrient qu’il faut reprendre en Asie nos anciennes possessions et notre ancienne influence, et courir au secours des révoltés de l’Inde, ou planter le drapeau tricolore sur la tour de Londres.

D’autres disent que sans doute l’Angleterre est bien coupable, mais qu’une guerre avec elle serait dangereuse, non-seulement à cause des risques d’une lutte aussi formidable, mais encore parce que la Russie, déjà si puissante, ne manquerait pas d’étendre en Asie ses possessions ; que, d’un autre côté, la France n’a pas les aptitudes nécessaires pour le développement et le commerce extérieurs, que les craintes sans cesse présentes de guerre civile nous empêcheront toujours de former de puissantes colonies, que nous avons bien assez de l’Algérie, et qu’il vaut mieux s’affermir au dedans que s’agrandir au dehors.

Nous ne savons quel sera le résultat de ces luttes de l’opinion ; mais nous essayerons ici de démontrer que l’inaction de la France dans une semblable crise, serait une faute immense ; qu’un lien étroit rattache notre posi-