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LA FRANCE

chesse en Asie était entre les mains de l’Angleterre ; que son commerce y était écrasé par la concurrence, les monopoles, et tout le réseau égoïste du commerce anglais ; qu’enfin les comptoirs auxquels elle donne le nom de colonies étaient étouffés par l’étreinte et les tracasseries de la Compagnie des Indes.

Cependant la France se taisait.

Elle avait vu de près les victimes de la perfidie britannique. Elle avait donné la place de deux cercueils à ces malheureux princes de la famille d’Aoude, qui dans leur innocence venaient demander justice devant le tribunal de leurs tyrans.

Elle savait que depuis longtemps sa dangereuse voisine jetait des ferments de discorde chez elle, comme chez tous les peuples où elle pouvait agir. Elle connaissait cette politique divisant pour régner et troublant les nations d’Europe pour s’emparer de leurs possessions lointaines.

Elle avait vu le ministère anglais repousser le magnifique projet du canal de Suez, uniquement parce que cette œuvre gigantesque allait ouvrir à tous les peuples les portes de l’Asie et lui en enlever le monopole exclusif. En vain M. de Lesseps, avec un courage et une persévérance admirables, en avait-il appelé à toutes les nations ; en vain avait-il démontré à l’Angleterre elle-même que là était son intérêt ; le ministère avait répondu à l’évidence par une négation et aux vœux de l’Europe par un refus.

La France avait appris l’occupation de Périm ; et, quand elle avait formulé ses justes réclamations, elle avait entendu cette impertinente réponse dans laquelle l’Angle-