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DANS LES MERS ASIATIQUES.

de délire, de démence. Elle demande l’esclavage et presque la tête de tous les Hindous.

Puis apparaît cette proclamation insensée de lord Canning, ce fait étonnant, absurde, ridicule, de la confiscation de la propriété dans un pays révolté.

Cependant l’insurrection se groupe et s’organise. Elle adopte un système régulier d’opérations, elle entreprend la lutte par petits corps d’armée, seule guerre possible pour ses soldats. Elle fatigue par des marches continuelles l’armée anglaise, que les maladies déciment et achèvent. Les émissaires de Néna se répandent de tous côtés. Les présidences de Bombay et de Madras s’agitent, les Mahrattes s’apprêtent au combat. Les signes précurseurs de l’insurrection reparaissent, la mystérieuse fleur de lotus recommence ses appels à la vengeance.

En vain la Compagnie, reconnaissant les effets désastreux de sa cruauté, donne une amnistie générale, aveu inutile de son impuissance : tout présage que la lutte va recommencer plus sanglante et plus opiniâtre que jamais.

Mais, pendant que l’Europe entière suivait palpitante les événements de ces luttes acharnées, un mouvement des plus remarquables se produisait en France.

La France se souvenait qu’elle aussi avait eu une Compagnie des Indes, mais qu’elle n’avait ni empoisonné ni assassiné les peuples.

Elle se souvenait que Dupleix, Labourdonnais, Bussy, Raymond, avaient porté au plus haut degré dans l’Inde l’honneur de ses armes, et avaient créé des possessions florissantes ; mais que la perfidie anglaise et la faiblesse de Louis XV les lui avaient fait perdre.

Elle savait que tout ce qui avait fait sa gloire et sa ri-