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xxiii
introduction

souvent envahi le bassin de la Loire et ont même séjourné, à plusieurs reprises, sur ses bords[1]. N’est-il pas naturel de voir dans Sobrie, la ville païenne du poème, un des établissements normands des rives ou de l’embouchure de la Loire, Noirmoutiers peut-être[2], et d’admettre que les souvenirs terribles, laissés en Anjou par les invasions normandes, ont servi de base à des traditions locales, qui, en se développant, ont abouti entre autres à la chanson d’Élie ?

Sans vouloir cependant m’avancer trop sur un terrain où les preuves manquent, je résume tout ce chapitre en quelques mots : l’Élie de Saint-Gille est un poème remanié au xiiie siècle sur un original du xiie siècle. Un trouvère qui avait déjà remanié l’Aiol a opéré de même sur l’Élie, et a lié ces deux chansons l’une à l’autre par une transition de son invention.

VI

L’Elissaga.

La chanson d’Élie de Saint-Gille n’a pas eu la vogue européenne de l’Aiol[3] et n’a été imitée que dans

  1. Voy. Depping, Histoire des expéditions maritimes des Normands... (nouvelle édition, 1844), p. 63 et suiv.
  2. Le poème parle plusieurs fois (v. 541, 952) d’une île, près de laquelle se livre un combat.
  3. Il faut ajouter aux citations d’Aiol données dans l’introduction