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introduction

mère, se retrouvent dans le poème : Arnaud de Beaulande[1], Aimeri de Narbonne, Bernard de Brebant et son fils Bertrand, Beuve de Comarchis, Guillaume d’Orange, Garin d’Anseüne, Aïmer le Chétif, Turpin l’archevêque de Reims, etc. Il est à remarquer qu’Élie, qui figure dans la généalogie de la maison de Monglane donnée au xiiie siècle par Albéric de Trois-Fontaines[2], ne se trouve pas mentionné dans le roman d’Aimeri de Narbonne[3] ; ce qui prouve, une fois de plus, que le remanieur a fait œuvre personnelle en introduisant Élie dans la geste de Monglane ; ce qui prouve aussi qu’Albéric de Trois-Fontaines a connu le roman d’Élie, tel que nous le possédons aujourd’hui ; et c’est là sans doute l’unique source où il puise, quand il fait d’Élie le neveu de Guillaume d’Orange.

Le remanieur possédait bien, du reste, la littérature épique de son temps ; plusieurs fois il fait allusion à certaines chansons de geste : à une chanson sur le chétif Aïmer[4] (v. 67) tout d’abord, puis à Rainouard au tinel (v. 2519, 2535) et aussi au poème perdu de Basin[5], quand il parle de l’herbe enchantée des monts

  1. Le poème d’Élie de Saint-Gille ne connaît pas les trois frères d’Arnaud de Beaulande : Girard de Vienne, Renier de Gênes et Milon de Pouille ; il reproduit donc la plus ancienne tradition. Voy. G. Paris, Hist. poét. de Charl., p. 70-80.
  2. Pertz, Monum. German., t. XXIII, p. 716.
  3. Voy. G. Paris, Hist. poét. de Charl., p. 469.
  4. Dans cette chanson Aïmer tuait un guerrier, sans doute païen, appelé Anseïs de Carthage ; il ne peut s’agir du héros chrétien du poème de ce nom, où Anseïs n’est pas tué, et qui est postérieur à Élie ; il faut donc rectifier le Glossaire, p. 196.
  5. Voy. G. Paris, Hist. poét. de Charl., p. 315-322.