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la saga d’élie

taient pas déjà là. Le festin alors est encore plus magnifique, abondant et copieux. Sire Guillaume se lève alors et demande Orable[1], la sœur d’Élie, pour son fils, l’écuyer Gérard. Le duc prend bien la chose, et[2] le jeune Élie ne désire que de voir marier la demoiselle. Cela est résolu sur le conseil des meilleurs hommes ; elle est la plus belle et la plus courtoise des jeunes filles. Le seigneur Guillaume envoya alors chez lui à Orange ses gens porteurs d’une lettre et d’un message pour l’écuyer Gérard. Celui-ci s’équipa en grande pompe et courtoisement avec tous ses gens et ils partent en grand appareil et avec de nombreux instruments de musique. Ils ne s’arrêtèrent pas qu’ils ne fussent arrivés au château de Saint-Gilles. Guillaume et tout le peuple vont au-devant d’eux avec de nombreuses marques d’honneur et des instruments de musique ; et le festin eut lieu, bien et suffisamment copieux.

Le jour est maintenant venu que tous ces jeunes gens doivent être unis. Élie est conduit à l’église par son cher père et sire Guillaume ; Bernard et Ernaud accompagnent Gérard. On place des sièges décorés d’or et d’argent pur. On peut y voir une si belle assemblée, qu’une pareille masse de gens peut à peine être comptée. Au milieu de cette foule, les deux demoiselles étaient conduites par de nobles dames. Quatre hommes portaient, au-dessus de la tête des demoiselles, des tapis soutenus par des bâtons ; suivent toutes les sortes d’instruments qu’on peut jouer. Elles entrent alors dans l’église et s’asseoient sur de riches sièges ; l’archevêque lui-même lit la messe et chante avec de nobles clercs ; les jeunes gens sont unis en gracieuse cérémonie. Élie offre alors à Dieu sa bonne épée, et la rachète pour trente marcs d’or. Le duc Julien donne ensuite à son fils tout son domaine avec les bourgs et les villes et toutes

  1. B D la fille du duc.
  2. B D mais.