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la saga d’élie

ici dans la plaine ; si tu peux le tuer ou le vaincre, alors toi et les tiens vous serez éternellement libres, et toute cette armée retournera sans te faire tort ni perte, et plus jamais tribut ne sera exigé de toi.

(XLII)

Macabré réfléchit[1], quand il eut entendu ces nouvelles, et répondit à l’envoyé de Jubien en grande colère et refus : « Ami, » dit-il, « dis à ton maître qu’ainsi puisse Mahon m’aider comme sa grande folie et son arrogance le rendent téméraire et le poussent pour son grand malheur à m’envoyer un tel message : car demain sans aucun doute il me rencontrera, ou un autre à ma place, pour l’empêcher les armes à la main de réclamer le tribut. Mais, ainsi m’aide Mahon, si tu n’étais pas un messager, je te ferais aussitôt couper un membre ou crever les deux yeux, et brûler ta barbe, et je te renverrais ignominieusement à ton honteux prince. Le messager s’effraya d’entendre chose pareille, qu’on voulût le mutiler à cause de son message ; ce n’est donc pas merveille s’il reprit son chemin le plus vite qu’il put.

(XLIII et XLIV)

Le messager s’en va et il s’est bien acquitté de son message[2]. Mais après son départ, Macabré est assis là triste et affligé, et il parla à son fils qui s’appelait Caïfas de Sobrie : « Mon fils, » dit-il, « peux-tu mener à bien ce combat ? car je l’ai accepté à cause de ta vaillance et de ta force. » « Sire, » dit Caïfas , « vous montrez et vous dites très grande folie : il y a aujourd’hui un mois que je fus pris d’une fièvre intermittente ; et je ne monterai de cheval de guerre pour l’amour d’aucun homme vivant. Donnez lui pour femme votre fille, qu’il aime et désire tant ; elle ne peut pas être mieux mariée, car il est considéré et très puissant. Que Mahon se courrouce contre moi, lui qui gouverne tout, si je me bats pour l’amour[3] d’elle ! »

  1. E C B D Alors M. fut triste quand.
  2. C B D affaire.
  3. B ajoute : de vous ou.