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la saga d’élie

bandonner cette jeune fille, nous ferions mordre la poussière à nombre de païens qui maintenant sont sains et gais ! » Quand Galopin l’entendit, tout son corps trembla de frayeur[1] : « Excellent seigneur, » dit-il, « pourquoi dites-vous ainsi ? Je suis tellement épouvanté que j’ai à peine ma connaissance, car je sais certainement, que si le roi apprend que nous sommes ici, nous serons pendus tous deux aujourd’hui même. »

XXXIX
XL et XLI

Or fut Élie quatre jours durant en grande joie avec la jeune fille dans la tour, sans que les païens, à qui Dieu fasse peine et déconfort, en découvrissent rien. Cependant Macabré, le roi de Sobrie, s’est mis à table ; mais avant qu’il se lève de table il entrera en courroux et chagrin, car Jubien[2] le roi de Baudas, le vieux aux cheveux blancs, est sorti de son royaume avec trente mille païens, et soudain ils ont planté leurs tentes dans les prairies autour de Sobrie, et ont établi des pierrières pour abattre les murs du château. Alors il envoya son messager adroit et habile en parole avec son message : et dans sa lettre il demanda à Macabré de lui donner sa fille Rosamonde pour femme et avec elle la moitié de son royaume, et il dit qu’il s’en contenterait. Donc, comme Macabré était à table, le messager se présenta devant lui et lui dit : « Seigneur de Sobrie, fais taire ceux de ta suite, tandis que nous vous disons notre message. Un messager ne doit entendre vilenie ou souffrir méfait à cause de son message. Mon seigneur Jubien, le roi à la barbe blanche, te mande que tu lui donnes pour femme la belle Rosamonde, ta fille[3] ; et il est venu lui-même pour réclamer de ton royaume tribut et présents, car les plus anciens et les plus sages de ses hommes et ses conseillers lui ont dit que tu lui dois tribut. Que si tu lui refuses ces demandes, il t’appelle en combat singulier

  1. C B D ajoutent : et il dit.
  2. A a toujours Julien, les autres mss. ont Juben.
  3. Ici commence le fragment E.