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la saga d’élie

qu’aucun homme vivant ne peut tenir contre eux ou leur attaque, et avant que ces deux jours soient passés, ils nous reviendront avec vingt mille chevaliers ; et s’ils nous rencontrent, aucun homme de toute notre armée n’en réchappera, car un d’entre eux est plus vaillant au combat que vingt des nôtres.

(XXVII commt.)

Toute l’armée alors se précipita vers les vaisseaux : et ils s’embarquèrent, et jetèrent Élie sous le pont entre les pieds des chevaux, et là l’enfermèrent, lié comme il était. Voilà les païens sur leurs vaisseaux ; ils larguèrent leurs voiles, et, ayant bon vent, prirent la mer. Et ils parlaient beaucoup des comtes qui s’étaient échappés, disant que c’étaient des hommes forts et très braves, mais ils louèrent bien plus et par dessus tous l’excellent chevalier Élie. Alors le roi Macabré dit d’amener Élie devant lui, et cela fut fait. Et quand Élie fut venu devant lui, il parut au roi très beau, fort et bien fait de tous ses membres, et à la fois terrible et beau, et plaisant à voir, élégant et imposant. Alors le roi dit à Élie : « Jure par Mahon que tu abandonneras ta foi et renieras ton Christ. Alors je te ferai couronner à Sobrie et je te marierai avec ma fille Rosamonde. » Le roi le fit délier.

XXIV fin

Laissons maintenant Élie au milieu de ses ennuis, et parlons des comtes qui s’étaient enfuis de la bataille. Ils chevauchent leur chemin auprès du bord et regrettent fort Élie. Ernaud dit : « Il nous faut hâter notre voyage, afin de pouvoir arriver avant le soir au château de Saint-Gilles, car nous avons grand besoin de réconfort et de bon gite. » Alors ils prirent le chemin à gauche près d’Arles[1], et traversèrent le fleuve qui porte le nom de Rhône[2] et arrivèrent avant la chute de la nuit au château de Saint-Gilles. Quand les habitants de la ville les virent passer par les rues, avec leurs chevaux

  1. Mss. Alles.
  2. C Tove ; illisible dans B ; b Lutus.