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obscurci, couvert de la rouille du préjugé, parce qu’il nous présente une idée dont l’orgueil s’alarme, et dont la vanité se révolte, parce qu’il est prononcé avec mépris dans les chambres des aristocrates, c’est pour cela même, Messieurs, que je voudrais, c’est pour cela même que nous devons nous imposer, non-seulement de le relever, mais de l’ennoblir, de le rendre désormais respectable aux ministres et cher à tous les cœurs. Si ce nom n’était pas le nôtre, il faudrait le choisir entre tous, l’envisager comme la plus précieuse occasion de servir ce peuple qui existe ; ce peuple qui est tout ; ce peuple que nous représentons, dont nous défendons les droits, de qui nous avons reçu les nôtres, et dont on semble rougir que nous empruntions notre dénomination et nos titres. Ah ! si le choix de ce nom rendait au peuple abattu de la fermeté, du courage !… Mon âme s’élève en contemplant dans l’avenir les heureuses suites que ce nom peut avoir ! Le peuple ne verra plus que nous, et nous ne verrons plus que le peuple, notre titre nous rappellera et nos devoirs et nos forces. À l’abri d’un nom qui n’effarouche point, qui n’alarme point, nous jetons un germe, nous le cultiverons, nous en écarterons les ombres funestes qui voudraient l’étouffer, nous le protégerons ; nos derniers descendans seront assis sous l’ombrage bienfaisant de ses branches immenses…