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non dans le morne silence d’une séance royale ». Ici on se dit : « On veut empêcher la réunion du clergé ». Les uns s’interrogent : « Et quoi ! se disent-ils, veut-on dissoudre les états ? Le gouvernement veut-il plonger la patrie dans les horreurs de la guerre civile ? » Les autres s’écrient : « Partout est la disette ! Partout on éprouve les rigueurs de la famine ! Nous allions mettre un terme à ces malheurs et l’on nous ferme le lieu de nos délibérations. » Telle est l’agitation des députés exprimant au milieu de la multitude, avide d’entendre, les sentimens patriotiques dont ils sont animés.

Ceux-là veulent s’assembler sur la place d’armes. « C’est dans ce lieu, dit-on, qu’il faut retracer ces beaux jours de notre histoire ; c’est là que nous tiendrons le champ de mai. »

Ceux-ci parlent de se réunir dans la galerie du château, afin d’y donner le spectacle tout neuf de parler le langage de la liberté dans la résidence même du pouvoir absolu. Mais une rumeur se fait entendre : on annonce aux députés que sur la proposition de Guillotin on va se rendre AU JEU DE PAUME ; mais toujours ombrageux l’amour de la liberté veut prévenir qu’un coup d’autorité ne ferme les portes du modeste asile que viennent de se choisir les mandataires du peuple français. Six députés courent s’en emparer. Les groupes se réunissent ; on