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garde ; alors M. le comte de Vortan se présente et dit qu’il a des ordres pour ne laisser entrer personne dans la salle, à cause des préparatifs qui s’y font pour la séance royale. Bailly lui déclare avec fermeté qu’il proteste contre l’empêchement mis à l’ouverture de la séance indiquée la veille, et QU’IL LA DÉCLARE TENANTE. L’officier ajoute que néanmoins il est autorisé à laisser entrer le président et les secrétaires pour prendre les papiers dont ils peuvent avoir besoin. Bailly et les secrétaires s’assurent qu’en effet la plus grande partie des bancs est enlevée, et que tous les environs de la salle sont gardés par des soldats.

Il est impossible, même aujourd’hui, de rendre compte de ce qui se disait dans les groupes de députés rassemblés sur l’avenue de Versailles et entourés d’une population accourue soit de Paris, soit des alentours. Les uns, pénétrés de la plus vive douleur, n’entrevoient dans l’avenir que la dissolution des états-généraux. On se demande réciproquement ce qu’il faut faire dans des conjonctures aussi douloureuses. Là on s’écrie : « Allons tous à Marly tenir notre séance au pied même du château ; que le Roi nous voie, qu’il nous entende, qu’il vienne prendre place parmi nous ! C’est au milieu des députés de son peuple, c’est dans une communication libre avec eux, qu’il apprendra à connaître l’esprit qui les anime, et