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SIEGE

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j morts. Il faudra pour cela du temps, des efforts, |- des voitures très-solidement, attelées et beau-I Çpup.de brancardiers., Ne perdez pas de temps

; pour agir dans ce sens. » Cette dépêche faisait
! i supposer des pertes, beaucoup plus grandes que

i- celles que nous avions réellement éprouvées,

! Elle jeta dans Paris une. stupeur mêlée de. co-

1ère., L’opinion dominante, dans la garde nationale était que Trochu avait tout combiné/pour j la punir, par un échec, de l’ardeur qu’elle ne ’ cessait de manifester et delà violence morale i.qu’elle exerçait, sur ! lui. Il voulait, en même / temps, /disait-on, prouver que la garde nationale

; ne constituait pas une force sérieuse, qu’il n’a-
! vait eu, en réalité à opposer à l’ennemi que

I l’armée et la garde mobile, et qu’il avait fait,

par conséquent, — pendant le siège, tout ce qu’on
pouvait attendre de lui. Trochu était trop loyal,

npu.s le croyons, pour faire de semblables calculs. Il déclara plus tard, au sein de l’assemblée nationale, que la garde citoyenne avait déployé un courage magnifique ; mais il ajouta qu’elle agissait sans ensemble, sans direction, et qu’elle avait, par sbn inexpérience, occasionné une partie des pertes éprouvées le 19 janvier. Nous avons eu à Buzenval 3,000 hommes tués oubléssés ; c’est-à-dire la moitié moins qu’à Tilliers et à Champigny.

>Le général Trochu ne pouvait, aprèsBuzenval, conserver le çonimandement en chef. On ie pria dé donner sa démission ; il opposa à cette demande un refus énergique, regardant un tel acte comme une lâcheté, . « Destituez-moi, répondit-il, si je n’ai plus votre confiance, » On le destitua en effet, "et le 21 janvier, à quatre lie.ures du matin, le général Vinoy prit le commandement /militaire.

, :Le même jour, les Prussiens commencèrent le bombardement de Saint-Denis, dont la population eut beaucoup à souffrir, sans interrompre le bombardement sur la rive gauche. Mais Paris allait manger son dernier morceau de pain noir. Il avait été décidé qu’on traiterait avec les Prussienslorsqu’on n’aurait plus/de vivres que pour sept jours, car le gouvernement ne pouvait exposer aux horreurs de la "famine une population de deux millions d’âmes. Le moment Fatal arriva. M. Jules Favre se chargea de la cruelle mission. Il partit pour Versailles le 27, et M. de Bismark, en apprenant cette nouvelle, en éprouva une joie si vive qu’il se mit, suivant l’affirmation des officiers dont il était environné, à siffler l’hallali en s’écriant : « Enfin, la b.êtê’est morte ! » Une convention d’armistice avec ravitaillement fut signée le 28. janvier 1871. (V. SEPTEMBRE, gouvernement du QUATRE, et TRAITÉS.)... /

/.Le bombardement des forts avait commencé lè27 décembre. Il ne cessa que le 27 janvier, à minuit. Il aurait été pourtant, non pas stricte-

I ment, mais moralement, du devoir des autorités prussiennes de l’interrompre, dès le moment où’la conclusion de l’armistice ne pouvait plus être l’objet d’un ’ doute. Quant au nombre des victimes du bombardement, il ne fut pas aussi grand qu’on l’avait craint, grâce au séjour dans les caves et au refuge qu’une partie des habitants de la rive gauche trouvèrent chez ceux de la rive droite. Il se résume dans les chiffres suivants. :

Hommes........ 201

•Femmes........ 115

Enfants..’*, » 67

Total... 383 Ce total des 383 victimes de la population civile comprend les personnes tuées sur le coup et celles qui furent seulement blessées, mais dont beaucoup moururent des suites de leurs blessures. Les privations occasionnées par le. siège causèrent malheureusement une mortalité considérable. Les décès, qui n’étaient encore que de 2,000 environ par semaine, au mois de novembre s’élevèrent progressivement à 3,280 du 2b au. 31 décembre, pour arriver jusqu’à 4,671 du 28 janvier au 3 février. Ils descendirent ensuite, peu à peu, à 4,000, à 3,000, à 2,000 et enfin au chiffre normal.

Conformément aiix clauses de l’armistice (V. TRAITÉS), l’évacuation des forts eut lieu le 29 janvier. Les soldats et les marins, dont beaucoup pleuraient et brisaient leurs armes’ évacuèrent d’abord les, approvisionnements ; le matériel de guerre était abandonné au vainqueur. Des officiers français attendaient ensuite les officiers allemands ; ils se montraient réciproquement leurs pouvoirs et signaient le procès-verbal de reddition. Ce devoir accompli, les officiers français se retiraient et les troupes allemandes venaient occuper le fort, plaçant aux environs leurs postes à la distance convenue des remparts, qui pour le fortd’Issy, par exemple, n’était que de cent mètres. L’espace compris entre les remparts et les postes prussiens formait un territoire neutre interdit à tout militaire, et délimité par un protocole annexé à la convention.

Ainsi finit, par la famine, ce siège mémorable qui avait duré 131 jours, si l’on fait partir l’investissement du 19 septembre, ou 133 si on le fait commencer au 17 du même mois.

La capitulation de Paris a été soumise, comme les autres, au conseil d’enquête convoqué en vertu de l’article 264 du décret du 13 octobre 1863. Le conseil s’en est occupé dans la séance du 29 avril 1872. Considérant qu’à la suite du combat de Buzenval, livré le 19 janvier 1871’, legônéral Trochu fut remplacé, le 21 janvier, dans le commandement en chef de l’armée de Paris, par legônéral Vinoy ; que M. Jules Favre