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trames abominables et les dénonce à l’indignation publique. — Le Journal officiel proteste lui-même. « Depuis quelques jours, dit-il, certains clubs avaient multiplié les insultes et les menaces, comme pour prêter leur appui à l’ennemi. Hier, une affiche provoquait les citoyens à la guerre civile. Ces tentatives criminelles ont soulevé l’indignation et le mépris de la population. Elles ne peuvent cependant rester impunies. Les principaux auteurs de ces actes inqualifiables ont été arrêtés et seront traduits devant les conseils de guerre, conformément aux lois, » L’affiche dont il s’agit, publiée au nom de « délégués du 2e arrondissement, » était en effet d’une violence extrême. Elle demandait, au nom de Paris, la démission de tous les membres du gouvernement, le rôquisitionnemeht général, l’approvisionnement

gratuit, l’attaque en masse, et finissait par ce çri : « Place au peuple ! place à la commune ! »

16 janvier.— Les obus prussiens pleuvent sur la rive gauche, depuis le jardin des Plantes jusqu’au quartier des Invalides ; mais leur portée ne va pas jusqu’à la Seine. Le 16, cependant, deux obus traversant le fleuve tombent sur le quai de Béthune.

17 janvier. — L’évêque de Versailles avait imploré la générosité dé la ville de Londres pour soulager les misères de Paris et des départements environnants. Lé lord maire forme uii ; comité de secours. L’archevêque Manning sollicité la charité des fidèles., ■,

VIII. DERNIERS INCIDENTS DIPLOMATIQUES. CAPITULATION DE PARIS. — Un incident des

plus graves s’était produit dans la diplomatie européenne. Comme l’Italie avait profité de nos désastres pour s’emparer de Rome, de même la Russie avait saisi l’occasion pour demander la révision du traité de Paris de 1856 qui paralysait son activité dans la mer Noire. Qui aurait osé mettre Obstacle à son désir ? La France et la Prusse avaient tant d’intérêt à ne pas lui déplaire qu’elle devait compter sur leur adhésion ; l’Angleterre, sans la France, ne pouvait rien, ■-et..elle avait un tel effroi de la guerre et de toute complication de nature à l’y entraîner qu’elle devait souscrire à tout, après quelque violent épanchement de colère impuissante ; il en était de même de l’Autriche, et l’Italie n’était pas disposée à élever trop haut la Voix. L’occasion était donc éminemment propice. Le cabinet de Saint-Pétersbourg laissa percer ses intentions dès la fin du mois d’août. Au commencement de novembre, le prince | Gortchakpf saisit officiellement les cabinets delà [ demandedelaRussie. L’Autriche et l’Angleterre qui oiit en Orient des intérêts si grands et si op-I posés à ceux de la Russie tressaillirent de douleur

; et purent comprendre alors la faute immense

qu’elles avaient commise en refusant leurcon-ANNUAIHE IX.

cours à la France, et en laissant rouler sur elle le torrent de l’invasion germanique. Après un échange de notes diplomatiques, il fut décidé qu’une conférence aurait lieu à Londres et que la France serait invitée à s’y faire représenter. La délégation de Tours en informa M.Jules Favre dès le 11 novembre par une dépêche qui n’arriva à Paris que le 17. Dans une seconde dépêche expédiée le 10 décembre, M. de Chaudordy insistait sur la nécessité d’aller à la conférence ; M. Gambetta était encore plus pressant dans ses dépêches du 31 décembre et du 3 janvier 1871. Il avait été décide par la délégation queM. Jules Favre devait remplir lui-même cette mission qui pouvait lui permettre, non pas de soulever au sein de la conférence la question franco-prussienne, car M. de Bismarck avait eu soin de tracer un cercle que les. délibérations rie devaient pas franchir ; mais dé se mettre" personnellement en rapport avec les représentants des puissances neutres, et d’exercer sur eux une influence qui pouvait être éminemment favorable à la France. M-. Jules Favre se rendit à ces raisons ; le gouvernement anglais se chargea de lui procurer, un sauf-conduit prussien pour sortir de Paris, et le 29 décembre, lord Granvillé lui adressait une invitation en règle, en l’informant que pour attendre son arrivée, la conférence qui devait se réunir dans la dernière semaine avait été retardée et remise au 2 janvier, et qu’elle serait même ajournée encore d’une semaine si M.Julës Favre pouvait annoncer son départ de Paris.

Il régnait à Londres un enthousiasme immense pour là France en général et pour Paris en particulier ; des meetings se réunissaient sans cesse pour exprimer leurs sympathies au peuple français, et on préparait une ovation magnifique à M. Jules Favre dont on attendait l’arrivée avec une brûlante impatience. Mais M. de Bismarck voyait avec un profond déplaisir un voyage accompli dans ces conditions par un homme qui savait émouvoir les masses et pouvait conquérir des âmes, même des âmes diplomatiques, par la force persuasive de son éloquence. Il arrêta donc la dépêche et ne la fit parvenir à M. Jules Favre que le 10 janvier, dans la soirée, sans y joindre le sauf-conduit. M. Jules Favre adressa dès le 12, aux agents diplomatiques de la France à l’étranger une dépêche dans laquelle il s’applaudissait de la démarche faite par les puissances auprès du gouvernement de la défense nationale, à C’est, disait-il, un engagement qui ne pourra plus être rétracté. Cette démarche officielle consacre, avec l’autorité de droit public, le changement de règne. » Il annonçait, en outre, son intention d’introduire dans la conférence réunie pour discuter les traités de 1856 « un débat d’une toute autre importance, sur lequel on

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