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que les journaux qui avaient blâmé les députés galiciens d’avoir pris part aux délibérations du reichsrath, avaient de puissants échos dans l’assemblée provinciale. Dans le discours d’ouverture, le maréchal de la diète, au lieu de porter un vivat à l’empereur comme dans les années antérieures, s’écria : vive le roi de Gallicie 1 Le . gouverneur, M. Goluchowski, ayant ensuite fait l’apologie des lois fondamentales votées par le reichsrath, et dit qu’elles augmentaient l’autonomie de la Gallicie, M. Smolka combattit immédiatement cette opinion et proposa de rapporter la décision prise l’an passé, en vertu de laquelle la diète avait envoyé des représentants au reichsrath et d’inviter les membres actuels de cette assemblée à déposer leurs mandats. M. Zyblikiewiz proposa de son côté de nommer’une commission chargée d’examiner les nouvelles lois fondamentales et de faire à leur sujet un rapport à la diète. Ces deux propositions furent renvoyées à une commission de quinze membres, et si la motion de M. Smolka ne rallia que le parti national extrême, celle de M. Zyblikiewiz rencontra au sein de l’assemblée et au dehors un accueil très-sympathique.

L’opinion générale était, en effet, que les lois fondamentales n’avaient pas suffisamment respecté la vie propre et l’autonomie de la Gallicie, et le chef même de la fraction polonaise au reichsrath, M. Ziemialkowski, se fit l’organe de ce sentiment en publiant un programme qui obtint immédiatement de nombreuses adhésions. Le programme demandait : 1° que les élections pour la diète et le reichsrath fussent absolument indépendantes de toute influence non gallicienne et qu’il ne pût jamais être interjeté appel des décisions de la diète, appel admis par la loi fondamentale sur la haute cour de justice, en cas de conflits de compétence entre la diète et le reichsrath ; 2° qu’outre les points concédés, les attributions de la diète comprissent encore toute la législation sur les écoles, la législation civile et pénale, la législation relative à l’organisation de la justice et à l’administration ; 3° que la langue polonaise fût la langue officielle de la justice, de l’administration et des établissements d’enseignement ; 4° que l’administration des écoles du pays fût, laissée aux autorités locales ; 5° que les revenus du pays servissent en première ligne à couvrir les dépenses du pays ; 6° que le pays eût son pouvoir exécutif particulier et fût représenté à la cour par un ministre particulier. La commission nommée pour examiner la proposition de MM. Smolka et Zyblikiewiz fit son rapport le 16 septembre. Elle conclut au rejet de la motion de M. Smolka, et se prononça dans le sens du programme de Ziemialkewski. Elle proposa de voter une adresse à l’empereur et de plus une résolution formulant les voeux du pays. -Le

projet d’adresse commençait par rappeler que la Gallicie faisait parlied’un état jadis souverain et puissant, qui, tout en étant rayé de la carte de l’Europe, vivait toujours dans" la famille des peuples, et que son existence et sa tradition lui donnaient un droit indubitable à une autonomie fondée sur une base nationale. Puis il continuait en ces termes : "

« C’est notre désir sincère dé voir la monarchie autrichienne puissante et florissante. Nous avons salué avec la joie la plus vive la transaction opérée entre le pays de la couronne de Saint-Étienne et les autres pays de votre majesté apostolique, transaction qui a affermi les bases de votre trône. Notre joie a été d’autant plus grande, que le principe des droits historiques politiques y a reçu satisfaction.

« Mais nous avons été d’autant plus douloureusement affectés par la position que les lois fondamentales du 21 décembre 1867 ont faite à notre pays dans la rénovation de la monarchie. Ces lois n’ont pas respecté l’individualité de notre pays ; elles en ont méconnu les besoins essen fiel s et n’ont pas tenu compte des voeux qu’il avait exprimés si souvent.

« Malgré sa particularité historique et nationale, notre pays, quoique le plus grand dans cette moitié de l’empire, serait nécessairement confondu avec les autres dans le système de la centralisation législative et administrative. Nonseulement ses affaires communes avec d’autres" pays, mais ses affaires particulières, les plus essentielles, seraient décidées sous la coopération, ou plutôt sous la prépondérance de ces pays, qui n’ont rien de commun avec nous en dehors du lien qui forme l’état. Dans les questions de justice, de la sûreté publique, de l’administration, et ce qui est encore plus dans les questions de culture intellectuelle, notre pays dépendrait des décisions d’une assemblée composée d’éléments étrangers.. Comme, les lois fondamentales attribuent, en outre, au reichsrath le droit de voter l’argent et l’impôt du sang, et qu’en outre, elles ne mettent aucune partie du trésor public à la disposition de notre diète ; comme enfin c’est au reichs ralh et non à notre diète qu’appartient le même droit de décider de l’exécution de l’application des lois dans notre pays, il nous sera permis de dire, sans exagération, que les lois fondamentales livrent notre pays au pouvoir de repré- sentants d’autres pays de la monarchie qui ne connaissent pas notre situation sociale, nos moeurs et nos usages... » L’adresse exposait ensuite les calamités qu’avait entraînées le système de la centralisation et priait avec instance l’empereur et roi de tenir compte des voeux et des besoins du pays ; la résolution qui résumait ces voeux a acquis une trop grande importance dans l’histoire contemporaine de l’Autriche,