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AST.RO

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pense, on trouve que le coût moyen du traitement individuel a été de 4 fr. 88 cent.

A. L.

ASSURANCES EN CAS D’ACCIDENT.

Voyez LÉGISLATION.

ASTRONOMIE. —■ Constitution physique et

chimique du soleil.—Analyse spectrale des protubérances

solaires, pendant et après l’éclipsé totale du soleil du 18 août 1868. — Les espérances qu’avaient conçues les astronomes a :.i sujel de la grande éclipse totale de l’année dernière n’ont pas été vaines : les.observations ont été, pour la plupart, couronnées d’un plein succès. Grâce à la.méthode nouvelle connue sous le nom d’analyse spectrale qui, entre les mains des Kirchhoff, des Huggins et Miller, des Janssen, des Secchi, a déjà fourni tant d’indications précieuses sur diverses questions d’astronomie physique, — telles que la composition chimique du soleil, celle des étoiles et des comètes, — des faits nouveaux d’un haut intérêt sont désormais acquis à la science, et, ce qui est plus important encore, les procédés d’observation ont reçu un développement considérable qui promet pour l’avenir une riche moisson. Entrons sur ces divers points dans quelques détails.

Les dernières éclipses totales de soleil, depuis 1842, avaient révélé l’existence, tout autour du limbe lumineux de l’astre, d’un certain nombre de proéminences irrégulières, de couleur rougeâtre, auxquelles les astronomes ont donné le nom de protubérances, de nuages rose.-j en anglais de flammes rouges, (red fiâmes). Ces appendices affectaient des formes variées ; tantôt ils ressemblaient à des montagnes en forme de pics ou de dômes, tantôt ils s’élevaient en colonnes verticales, ou même, détachés du contour de l’astre, ils paraissaient suspendus comme des nuages dans l’atmosphère solaire. La première question que se posèrent les astronomes fut de savoir si l’on avait affaire à des objets réels, ou s’il ne s’agissait que de purs phénomènes optiques, par exemple, si ces apparences n’étaient pas de simples effets de diffraction dus au passage des rayons solaires dans le voisinage des aspérités du limbe de la lune.

On se demanda aussi, dans le cas où les protubérances auraient une existence réelle et objective, si elles appartiennent au soleil même ou, à la lune. Cette dernière question parut définitivement résolue par la comparaison des observations faites en des lieux différents, et surtout par celle des. apparences qu’elles présentèrent, à un même observateur aux diverses phases de la totalité. C’est ainsi que Warren de la Rue, .pendant l’éclipsé totale du 18 juillet 1860, ayant pris.des épreuves photographiques du, phénomène au commencement et à la fin de la totalité, constata que les protubérances visibles pendant ce court intervalle étaient concentrées sur le disque solaire, et non sur le limbe de la lune : au début de la totalité, les premières protubérances qui se montrèrent furent aperçues dans les environs du contact ; elles furent peu à peu masquées par le disque obscur de la lune qui découvrit au contraire les protubérances du côté opposé, un peu avant le second contact intérieur ou avant la fin de la totalité. Deux points se trouvaient donc à peu près mis hors de doute, à savoir que les protubérances étaient des objets réels et qu’elles appartenaient au soleil lui-même, ou du moins se trouvaient situées, soit sur la photosphère elle-même, soit dans son voisinage immédiat.

Restau à étudier la nature de ces singuliers phénomènes, leur état physique et, s’il était possible, leur composition chimique, problème qui eût paru insoluble il y a quelques années, mais que les récentes applications de l’analyse spectrale à l’étude des lumières des astres permettaient d’aborder avec espoir de succès. Toutefois, il fallait attendre l’occasion, assez rare, d’une éclipse totale de soleil. Aussi fit-on, de toutes parts, dans le monde astronomique, des préparatifs pour l’observation de l’éclipsé du 18 août 1868, que les calculs annonçaient comme devant présenter des circonstances exceptionnellement favorables à cause de la longue durée de sa phase de totalité.

Le cône d’ombre lunaire devait parcourir une longue courbe, depuis le continent africain, aux environs de Gondar, en Abyssinie, jusqu’en un point situé entre la Nouvelle Calédonie et les Hébrides, coupant la mer Rouge près d’Aden, traversant toute l’Inde anglaise, de Rogapour à Mazulipatnam, ’ la presqu’île de Malacca, Bornéo, et enfin la pointe nord de l’Australie. La durée de la phase de la totalité allait en croissant depuis Aden et atteignait son maximum dans le golfe de Siam, vers la pointe du Kambodj. e : là, elle ne devait pas être moindre de 6 minutes 46 secondes.

Diverses expéditions anglaise, française, allemande, etc., furent envoyées en divers points de la ligne centrale, échelonnées de manière à se suppléer au cas où le temps défavorable eût fait manquer quelques observations. Mais ce n’est pas l’histoire des préparatifs que nous avons à relater ici ; c’est celle des résultats scientifiques. Essayons de les résumer dans leurs points essentiels. j

À Aden, l’éclipsé qui avait lieu peu après le lever du soleil ne durait que trois minutes et demie. Malgré un temps un peu brumeux, on put observer les protubérances et obtenir quelques photographies. C’est là que s’étaient postés les savants de l’expédition autrichienne et prussienne. À Samkhandi (Inde anglaise), le lieutenant Herschel observa aussi les prohibé-