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AGRIC

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viande en 1867. C’est à dire que la France a, dans le cours de cette année, reçu des nations étrangères de la viande de boucherie pour la Somme" de 103,081,204fr., environ le douzième dé la somme à.laquelle paraît s’élever la consommation totale.

Dès les premiers jours de l’automne, la vente des vins s’opère dans le Midi avec une activité excessive, Le commerce et la spéculation s’abattent sur les vignobles en renom du Médoc, du Beaujolais, du Maçonnais, des bords delà Loire, de la Haute et de la Basse-Bourgogne. C’est, en tous lieux, une fiévreuse invasion de Belges, de Hollandais, de Pfussiens, d’Anglais, de Russes, d’Allemands du Nord et du Midi... Bientôt tous les vins sont aux mains des spéculateurs qui attendent, pour les lancer, qu’ils aient acquis toute leur valeur. Payés cher, ils seront revendus plus cher encore." Les vins alimentaires ont qualité et quantité. A sort exposition du 7 novembre, la Haute-Bourgogne annonce, au monde entier les mérites de ses vins : « Ainsi que le faisaient pressentir les conditions climatériques de l’année 1868, dit-elle, les vendanges ont donné des vins de haute valeur. La Bourgogne, toujours exempte d’oïdium, se déclare donc satisfaite du mérite de sa récolte. Franchise, finesse et vinosité, telest l’ensemble des qualités qui placent les vins de 1868 parmi les vins des plus grandes années. Le rendement des vignes en vins fins dépasse généralement celui d’une bonne année moyenne ; celui des vins ordinaires est resté au dessous. Les transactions nombreuses déjà, faites à des prix élevés, viennent confirmer l’appréciation du jury. »

Aussi, à Bercy, les affaires sont-elles animées. Les prix sont-toujours en hausse. Les vins vieux eux-mêmes, délaissés au moment de la récolte, reprennent delà force. Seul, le cours des spiritueux est moins élevé que l’on ne devait s’y attendre vu la médiocrité de la récolte des betteraves, par suitede la chaleur excessive et des sécheresses prolongées de l’été. Le stock, peu important, fait néanmoins présager la hausse. À Paris, l’esprit 3/6 fin betterave, l»e qualité, 90 degrés, se vend 71 fr. l’hectolitre. Les mêmes causes maintiennent la hausse dans les transactions qui ont le sucre pour objet.

Un rapport présenté à l’empereur par le ministre de l’Instruction publique, vers le milieu de novembre, donne lieu d’espérer qu’on verra l’enseignement agricole et horticole introduit bientôt dans les écoles normales et primaires, ainsi que l’enseignement théorique et pratique dans les lycées. On doit applaudir à ces mesures et beaucoup attendre de leur réalisation.

Dans le cours du printemps de l’année 1868, quelques hommes d’initiative avaient lancé le projet de la fondation d’une Société des Agri-AKNUAIRE IX.

culteurs de France, qui fut accueilli en tous " lieux avec une remarquable faveur. De tous les poials de l’empire, l’élite des agronomes répondit à l’appel. Il s’agissait d’organiser la force de l’initiative agricole collective en centralisant le mouvement à Paris, tout en développant dans toutes les contrées les initiatives locales. Il fallait intéresser les- agriculteurs éloignés à l’oeuvre commune, les grouper dans les concours régionaux, et donner enfin à l’agriculture son self gouvernent. Dès le 12 mai, une séance d’inauguration avait nommé un conseil d’administration chargé de rédiger le statut définitif de la société, et choisi pour son président M. Drouyn de Lhuys.

À quelques mois de là, la société possédait les forces vives suivantes :

il Membres donateurs.... îl.000 fr

11)0 Membres fondateurs... iii’,000

348 Membres ordinaires.... 6.9G0

94 Délégués".. 1,880

1563 130,810 fr. ’.

Le 16 décembre avait lieu l’ouverture de la première session de la, société nouvelle ; trois ou quatre cents membres étaient là, représentant les individualités les plus actives et les plus énergiques de l’agriculture nationale. Après avoir choisi son état-major et voté ses statuts elle effleura les plus hautes questions à l’ordre du jour. Quatre orateurs surtout : M. Bouley, exposant la situation du typhus des bêtes bovines ; M. de Lavergne, traitant la question du code moral et du crédit agricole ; M. Victor Lefranc, défendant les intérêts viticoles et la propriété elle-même, au nom des plus pauvres comme au nom des plus riches ; M. G-randeau, développant l’état de la question des stations agricoles, obtinrent de sympathiques salves d’applaudissements qui, à des titres divers, établirent le niveau très-élevé où l’assemblée s’était placée devant la loi, la science et les intérêts économiques.

La société eût voulu fonder tout d’abord des Congrès agricoles pour aller planter le drapeau de la société sur divers points du pays, et appeler à elle, dans leur contrée même, les nombreux agriculteurs dont la faculté de déplacement n’est pas toujours à la hauteur de la bonne volonté. Ils se fussent tenus, chaque année, dans les douze, villes qui voient les concours régionaux ouvrir dans leurs.murs leurs pacifiques arènes. Les congrès sont des réunions parlantes ;. les concours régionaux, des exhibitions de choses agricoles. Les deux institutions se complètent. Mais les zélés promoteurs de ces excellentes choses avaient compté sans la lenteur de la bureaucratie française. Il semble au premier abord que ce doive être tout simple et facile, quatre-vingts années après l’an