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tâcher de couvrir ce déficit, qui ne fait que s’accroître d’année en année ; mais c’est ici que le conflit est évident entre les intérêts de la colonie tels que les comprennent les colons, et ceux de la métropole. Les membres du parlement colonial, laplupartfermiersou négociants, peu initiés d’ailleurs aux affaires d’état, peu fermés à la vip Constitutionnelle et parlementaire, ont de la répugnance pour tout ce qui exige d’eux un sacrifice, pour tout ce qui porte la plus légère atteinte à leur commerce, à leurs revenus personnels. Aussi ont-ils repoussé un projet de loi présenté par sir Wodehouse, tendant à établir un impôt sur la propriéléet le revenu, à frapper d’une taxe de 3 pence (30 centimes) par liv. sterl. (25 fr.) toute propriété et tout revenu dépassant 50 liv. sterl. (1,250 fr.) ; et ils s’en sont pris aux dépenses de l’état, qu’ils ont prétendu réduire en.sapant dans les différentes branches des services publics. Le gouverneur y a consenti dans une certaine mesure ; il a, en effet, proposé de fondre les deux chambres du parlement en une seule assemblée législative, de réduire à 15 le nombre des membres du parlement, dont 12 seraient élus pour 6 années ; de supprimer 14 divisions fiscales, d’abaisser les dépenses des bureaux du gouvernements 7,000 I. st. (175,000 f.), et de retrancher 4,000 liv. (100,000 fr.) à l’agriculture, aux bibliothèques, aux musées et aux jardins botaniques. , Ces réformes n’ont pas été acceptées, et l’assemblée a proposé en échange d’élever les droits ad valorem sur les importations de 10 à 12 1/2 p. 100, augmentation qui, selon ses prévisions, devra rapporter un excédant d’au moins 30,000 liv. (750,000 fr.) sur ces droits, qui ont produit 127,000 liv, (3,175,000 fr.) en 1868 ; mais le gouverneur à objecté que ce surcroît de taxe aurait pour résultat immédiat de diminuer, sinon d’arrêter complètement, les importations, surtout en 1870, de sorte que le revenu, au lieu d’augmenter, serait considérablement affaibli ; on conçoit, du reste, que l’établissement d’un nouvel impôt ou l’augmentation des anciens sur les importations soit une entrave de plusapporlée au commerce maritime de l’Angleterre, et qu’un gouverneur au nom de la reine y soit naturellement opposé ; aussi sir Wodehouse a-t-il contre-proposé d’établir un droit léger sur l’exportation de tous les produits coloniaux : ce qui revenait à retourner l’entrave contre les transactions commerciales des colons au dehors. Il a donc été impossible de s’entendre.

—Parmi les autres projets de loi, également rejetés par le parlement dans sa dernière session, figurait la création d’un papier-monnaie du gouvernement. Le Cap n’a pas de banque coloniale ; il est simplement doté de banques privées en très-grand nombre el inspirant plus ou moins de confiance. Ces institutions sont toutes ANNUAIRE IX.

autorisées à émettre du papier-monnaie ; mais, une fois hors du district où la banque est établie, ce papier perd plus ou moins de sa valeur nominale, ordinairement 5 p. 100 : ce qui constitue une somme de perle importante au point de vue économique. C’est pourquoi le gouvernement proposait de créer un papier-monnaie colonial officiel, représentant une portion de l’encaisse qu’a toujours le trésor, et offrant par Conséquent toute garantie pour un remboursement immédiat en cas de demande. Cette loi fut adoptée à une fortp majorité par l’assemblée ou seconde chambre ; mais elle a élé rejetée, aux grands cris de l’opinion générale et de la presse, par le conseil ou première chambre, qui est composée de moitié moins de membres, presque tous âgés et rentiers, ayant leurs économies ou des intérêts engagés dans les banques. Quoi qu’il en soit, le projet de loi satisfait à un besoin réel du pays, et il doit être soumis de nouveau aux délibérations du parlement.

Le fait suivant servira à faire apprécier comment les législateurs du Cap entendent la justice : ils avaient à régler les rapports^ entre les maîtres et les domestiques : le bill présenté par un d’eux, à cet effet, proposait, en cas d’infraction à la loi, de condamner les domestiques au fouet, à la diète, aux travaux forcés et à l’emprisonnement cellulaire, tandis que les maîtres en seraient quittes pour de simples amendes. Un membre du parlement exprima même le regret qu’on ne laissât pas aUx fermiers la faculté de tirer sur tous les nègres surpris à voler. La nouvelle de la discussion de la loi en question souleva l’indignation des Européens, qu’elle devait atteindre en grande partie ; pour les calmer, ’force fut d’expliquer que ces mesures de rigueur concernaient Uniquement les Cafres ; que la loi devait être empreinte d’un caractère d’impartialité au moins dans sa rédaction, mais que le discernement des magistrats saurait protéger les Européens.

Les arrangements, dont le gouverneur du Cap s’était fait l’intermédiaire entre les Bassoutos et l’état libre d’Orangé ne paraissent pas avoir rétabli l’accord entre les parties : le chef Moshesh a envoyé son fils en Angleterre, avec mission de représenter au gouvernement central le tort qui a été fait aux Bassoutos par le dernier règlement de frontières ; de son côté, le président de l’état libre a déclaré qu’il punirait comme criméde haute trahison tout concours prêté à l’annexion avec la colonie anglaise ou à un projet de confédération avec elle.

L’état des choses ne s’est guère amélioré dans la république, où le président Brand, réélu pour un second terme, continue d’exercer un pouvoir à peu près arbitraire : au mois de juin dernier, il a supprimé le seul journal qui se publiait dans le Transvaal, oarce qu’il avait révélé l’exis-

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