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rapports constatant les préparatifs de la Prusse et la supériorité de son armée sur la nôtre, sous le quadruple point de vue de la force mw mérique, de l’instruction, de l’organisation et delà discipline. M. Benedetti, qui représentait 3a France auprès du roi Guillaume, avait dévoilé dans plusieurs dépêches les projets du cabinet de Berlin ; il avait appelé l’attention du gouvernement sur les armements de la Prusse, en insistant sur ce point que celle puissance pouvait, en vertu de son organisation, passer avec une extrême rapidité dé l’état de paix à l’état de guerre ; que toutes les dispositions préparatoires.étaient concertées d’avance, et qu’il suffisait, pour procéder à la mobilisation de l’armée, d’un ordre du roi, qui n’était pas tenu, comme l’empereur, enFrànce, de solliciter le concours des chambres. (Ma mission en Prusse, par le comte Benedetti, 1871, iii-8°.) La presse n’avait pas cessé elle-même de jeter, depuis Sadowa, le cri d’alarme et de signaler l’immense, l’incessant travail qui se faisait de l’autre côté du Rhin, en vue d’une guerre qui né pouvait menacer que la France. Le gouvernement s’était endormi néanmoins dans une •fatale incurie, et, lorsque enfin là tempête éclata la France se trouva prise au dépourvu.

« On avait pourtant compris la nécessité d’opposer à la Prusse une armée à ; peu près ! égale à la sienne, et, en janvier 1868, après un long travail d’élaboration, le corps législatif ! avait voté "une loi qui devait produire un effectif d’un million trois cent cinquante liiillé hommes, au moyen d’une forte réservé et d’une garde mobile comprenant les classes 1864, 1865 et !T866, et donnant une force armée de 550,000 hommes. —Nous avons exposé et étudié celle loi dans le tome VET de l’Annuaire, etnous n’avons pas â y revenir. On ne sut malheureusement en tirer aucun parti ; la garde mobile, qui pouvait être d’un si grand secours, ne fut ni organisée ni instruite. Pourquoi ? Parce que le maréchal Niel, qui avait préparé la loi et y attachait une importance capitale, était mort peu après, et parce que l’opposition, combattant sans rélâche le nouveau système militaire, Tavailrendu im- . populaire, si bien que les premières tentatives pour la formation de la garde mobile rencontrèrent, sur quelques points, une opposition séditieuse. Le gouvernenement objectait, <ie son côté, que les fonds manquaient pour mellreiàéxôeution la loi du 1er février 1868.-La chambre n’avait affecté, en effet, au service ; de la garde mobile, qu’une somme de 5 millions de francs ; mais.elle croyait avoir été, assez large dans le vole des autres crédits ; militaires pour permettre au gouvernement de subvenir à tous les besoins. On jugera de ces dépenses, continuellement croissantes, par les chiffres suivants qui représentent quatre années

budgétaires de la guerre, non compris Tes sommes afférentes.à l’Algérie et à la ; marine :

. 18G7...... :, 346.762 ;797 ; francs.,

ÏSGS, ’■ :■.... 521.594 :957■ (1).

1809..... -. :. 373.S35.77S. ■’■■’.,

Î870...., ,, g375.975.182 :.-’"."

î.618.168,712. :

Or, pendant ces.quatre mêmes années, le budget militaire de la confédération du Nord avait dépassé à peine 1 milliard de-francs, et il avait suffi à la Trusse, pour entretenir et perfectionner une armée immédiatement disponible dé 97,2,000 hommes, y compris les officiers, et pour accroître dans d’ënornies proportions son matériel etsés approyisbrinements de toute espèce.

Au mois de juillet 1870, lorsque la guerre fut décidée, la garde mobile n’existait gue sur le papier ; il s’en fallait de deux années que.les réserves créées par la loi de 1868.pùssenl fonctionner, et le gouvernement n’avait à envoyer à la frontière que les soldats/présents sous les drapeaux. L’armée française, déduction faite des non-valeurs et des troupes de dépôt, ne s’élevait, d’après l’èxppsé de la, situation de l’empire, qu’au chiffre très-modeste dé 434,000 hommes.’Mais sur ce nombre il yavait 70,000 hommes hors du territoire, .enkAlgërie, l à Rome, etc. ; 108,000 hommes-avaient étë ; envoyës en congé par esprit, d’ëcpnpmie. Plusieurs ■ ; milliers ; représentant Tes ; jeunes, — gens qui avaient payé la prime d’exonération, n%-

; vaient pas été remplaces^ et les : forçes : immé-.

platement disponibles ne formaient qu’un total de 240 à 250,000 hommes, au maximum :, qu’il fallut appeler.de touteslespaMes.de la France, transporter sur Tes frontières de Test.et du nord-est et opposer auxTorcesdè Tennêmii qui, en nombre plus que double dès l’ouverture.des hostilités, allaient s’élever.bientôt ;à un : chiffre colossal.

L’empereur eompritalors la faute qu’on avait commise en renonçant ! à l’organisation de ; la. garde moDile, et, armé de la loi du.1er février 1868, il s’empressa de.l’appeler sous les. drapeaux. Il alla jusqu’à donner à la loi son effet rétroactif pour avoir le plus, gros.contingent possible, puisqu’on appela jusqu’aux jeunes gens des classes 1864,1865 etT866, libérés par leurs numéros bu qui avaient des remplaçants à l’armée.

Il restait à la France une autre force dont il ne faudrait pas s’exagérer l’importance : devant des armées régulières ; c’était là.garde nationale sédentaire. Elle aurait pu rendre au pays de grands services, en préservant une

(1) Le crédit ouvert à la guerre en 1868 s’élève au ’ chiffre énorme de 521 millions, parée gu’ïl Comprend les sommes affectées au nouvel armement et au ; rempla^ cernent de l’ancien fusil par le fusil chassepot.