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que le gouvernement n’avait vu que des avantages à les reproduire dans le Moniteur (3). A côté de ces expressions sans mesure d’un ressentiment sans bornes, le journal officiel du même jour (15 novembre) avait publié un document d’un autre caractère, et, pour tout dire, aussi terne que les précédens étaient chargés de couleur. Le chef de la branche aînée de la maison de Bourbon, qui, déjà une fois dans l’année, s’était adressé à son parti pour lui recommander de ne point prêter le serment exigé des fonctionnaires par la constitution du 14 janvier, avait cru devoir protester contre l’empire, en déclarant qu’il conserverait précieusement jusqu’il son dernier soupir « le dépôt de la monarchie héréditaire dont la Providence lui avait confié la garde. » En présence de la monarchie impériale qui se rétablissait, le seul avantage que les partis auraient pu attendre d’une restauration des Bourbons, c’eût été un retour décidé au système parlementaire. Le prince avait à peine prononcé le mot de liberté, et il semblait n’avoir rompu le silence de son exil que pour se donner la vaine et dangereuse satisfaction de se montrer à la France et à l’Europe environné des nuages mystiques du droit divin.

C’est à ces manifestes que se réduit le mouvement ostensible des partis en 1852. Quelques écrits distingués ou passionnés avaient seuls occupé un instant l’opinion publique. Le métaphysicien du socialisme, M. Proudhon, avait, dans la Révolution sociale justifiée par le coup d’état du 2 décembre, présenté ses doctrines sous un jour plus tempéré que de coutume, en donnant au gouvernement nouveau,