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considérés comme nuls et non avenus. Il était fait remise de toutes les peines prononcées par les conseils de discipline des gardes nationales, et aucune poursuite ne pouvait être exercée pour les faits non encore jugés qui étaient du ressort des conseils de discipline. Les faveurs impériales s’étendirent aussi à divers délits prévus par le code militaire et le code maritime, tels que la désertion et l’insoumission, et enfin à quelques-uns des délits politiques commis en décembre 1851. Par une circulaire du 13 novembre précédent, le ministre de la justice avait fait connaître au gouverneur général de l’Algérie et aux préfets des départemens que l’intention du chef de l’état était d’étendre dans une très large proportion le système des grâces, soit aux condamnés par commissions mixtes, soit aux exilés en vertu de décrets. Cette circulaire indiquait toutefois qu’il convenait de réclamer des condamnés qui désiraient leur grâce une adhésion formelle au gouvernement, légalisée par un fonctionnaire de l’ordre administratif. A la date du 2 décembre 1852, deux cent quatre-vingt-dix individus avaient obtenu ainsi soit une grâce complète, soit une commutation de peine. Le 8 décembre, le journal officiel revint sur cette grave question, déclarant « qu’à l’exception des hommes qui s’étaient rendus coupables des crimes que toute morale réprouve, tous ceux qui souffraient des suites de nos malheureuses discordes civiles seraient rendus à la liberté sans autre condition que de se soumettre à la volonté nationale, si clairement manifestée dans le dernier scrutin, et de prendre l’engagement de ne rien faire désormais contre le gouvernement de l’élu du pays. » Le Moniteurr ajoutait que l’empereur, en considération des nécessités sociales, ne pouvant demander moins, ne voulait rien exiger de plus, et que son vœu le plus cher était de voir effacées jusqu’aux traces de nos anciennes divisions. A la date du 10 décembre, le nombre des grâces était de 702.

La journée du 2 décembre, dans sa physionomie extérieure, ressembla beaucoup à celle du 16 octobre, lors du retour du prince-président dans Paris à la suite de son voyage du midi. Seulement l’empereur n’avait point à parcourir l’immense ligne des boulevards. C’est par les avenues du bois de Boulogne et les Champs-Elysées qu’il devait entrer dans Paris. Une nombreuse escorte de généraux l’attendait au pied de l’arc de triomphe de l’Étoile, et c’est précédé et suivi d’imposantes masses de cavalerie qu’il traversa les deux baies formées de chaque coté de l’avenue des Champs-Elysées par la garde nationale à droite, et l’armée à gauche. Les deux terrasses qui bordent la place de la Concorde étaient occupées par les mêmes députations des corporations ouvrières qui avaient figuré au 16 octobre. L’empereur, entré dans le jardin des Tuileries par la place de la Concorde, en sortit par le pavillon de l’Horloge pour aller passer en