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je reconnais les gouvernemens qui m’ont précédé, mais j’hérite en quelque sorte de ce qu’ils ont fait de bien ou de mal, car les gouvernemens qui se succèdent sont, malgré leurs origines différentes, solidaires de leurs devanciers. Mais plus j’accepte tout ce que depuis cinquante ans l’histoire nous transmet avec son inflexible autorité, moins il m’était permis de passer sous silence le règne glorieux du chef de ma famille, et le titre régulier, quoique éphémère, de son fils, que les chambres proclamèrent dans le dernier élan du patriotisme vaincu. Ainsi donc, le titre de Napoléon III n’est pas une de ces prétentions dynastiques et surannées qui semblent une insulte au bon sens et à la vérité ; c’est l’hommage rendu à un gouvernement qui fut légitime et auquel nous devons les plus belles pages de notre histoire moderne. Mon règne ne date pas de 1815, il date de ce moment même où vous venez me faire connaître les suffrages de la nation.

« Recevez donc mes remerciemens, messieurs les députés, pour l’éclat que vous avez donné à la manifestation de la volonté nationale, en la rendant plus évidente par votre contrôle, plus imposante par votre déclaration. Je vous remercie aussi, messieurs les sénateurs, d’avoir voulu être les premiers à m’adresser vos félicitations, comme vous avez été les premiers à formuler le vœu populaire.

« Aidez-moi tous à asseoir sur cette terre bouleversée par tant de révolutions un gouvernement stable qui ait pour bases la religion, la justice, la probité, l’amour des classes souffrantes. Recevez ici le serment que rien ne me coûtera pour assurer la prospérité de la patrie, et que, tout en maintenant la paix, je ne céderai rien de tout ce qui touche à l’honneur et à la dignité de la France. »

C’est le lendemain, 2 décembre, que l’empire devait être officiellement proclamé devant la garde nationale et devant l’année, et que Napoléon III devait faire son entrée solennelle dans les Tuileries, à titre d’empereur. Le matin, le journal officiel publia le décret impérial qui promulguait le plébiscite des 21 et 22 novembre. Ce décret était précédé de la formule qui devait à l’avenir accompagner tous les actes de la volonté suprême : Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, empereur des Français. Un second décret élevait à la dignité de maréchaux de France les généraux de Saint-Arnaud, Magnan, de Castellane, comme ayant acquis des titres exceptionnels à la reconnaissance publique pour les services rendus en décembre 1851. D’autres décrets avaient pour objet de spécifier les grâces accordées par l’empereur à l’occasion de son avènement. Ces grâces concernaient les délits et contraventions en matière de presse périodique et les délits et contraventions relatifs à la police de l’imprimerie. Les peines d’emprisonnement et d’amende prononcées à cet égard étaient remises, sous la réserve des droits des parties civiles. Les avertissemens donnés jusqu’à ce jour aux feuilles périodiques de Paris et des départemens, en vertu de la loi sur la presse, étaient