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les sénateurs en grand costume et les cardinaux en robe rouge, procédés par une escorte de cavalerie, se rendirent a Saint-Cloud pour remettre au prince le sénatus-consulte qu’ils venaient d’adopter.

Le prince Jérôme, président du sénat, ayant, dans la journée même, résigné cette haute dignité, le sénat fut présenté à Saint-Cloud par M. Mesnard, vice-président. Le discours de ce fonctionnaire n’avait point la pompe de style du rapport de M. Troplong. Le prince Louis-Napoléon répondit à l’orateur par quelques paroles où l’on retrouvait la loi avec laquelle il acceptait ses nouvelles destinées. Après avoir remercié le sénat de l’empressement avec lequel il avait répondu aux vœux du pays en délibérant sur le rétablissement de l’empire, le prince ajouta : « Lorsqu’il y a quarante-huit ans, dans ce même palais, dans cette même salle et dans des circonstances analogues, le sénat vint offrir la couronne au chef de ma famille, l’empereur répondit par ces paroles : Mon esprit ne serait plus avec ma postérité du jour où elle cesserait de mériter l’amour et la confiance de la grande nation. Eh bien ! aujourd’hui, ce qui touche le plus mon cœur, c’est de penser que l’esprit de l’empereur est avec moi, que sa pensée me guide, que son ombre me protège, puisque, par une démarche solennelle, vous venez au nom du peuple français me prouver que j’ai mérité la confiance du pays. Je n’ai pas besoin de vous dire que ma préoccupation constante sera de travailler avec vous à la grandeur et à la prospérité de la France. » Ces paroles furent accueillies par les cris de vive l’empereur !

Le même jour furent signés deux décrets, l’un pour appeler le peuple à voter les 21 et 22 novembre sur le rétablissement de l’empire, le second pour convoquer le corps législatif à la date du 25 novembre, à l’effet de constater la régularité des votes, d’en faire le recensement et d’en déclarer le résultat.

Les comices populaires se tinrent le 21 et le 22 novembre. Quoique contrariés sur tous les points de la France par des pluies torrentielles, ils donnèrent un chiffre supérieur à celui auquel avait atteint le vote du 20 décembre 1851. Le corps législatif, que le prince-président avait voulu associer à cet acte important, ainsi qu’il le déclara dans son message d’ouverture le 25 novembre, fut chargé du dépouillement général des votes. D’après ce dépouillement, sur 8,140,660 votans, 7,824,189 s’étaient prononcés en faveur du rétablissement de l’empire ; 253,145 l’avaient repoussé, et 63,326 bulletins étaient nuls (2).