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à se soumettre aux décrets de la Providence. Or, si la France est maîtresse de l’Algérie, c’est que Dieu l’a voulu, et la nation ne renoncera jamais à cette conquête. Vous avez été l’ennemi de la France, mais je n’en rends pas moins justice à votre courage, à votre caractère, à votre résignation dans le malheur ; c’est pourquoi je tiens à honneur de faîte cesser votre captivité, ayant pleine foi dans votre parole. »

Le premier usage qu’Abd-el-Kader fit de sa liberté fut de venir à Paris, avec sa famille, remercier avec solennité le prince-président ; puis, quelques jours plus tard, quand le pays allait être appelé à voter sur la question de l’empire, Abd-el-Kader sollicitait publiquement la faveur de déposer son vote dans l’urne où se décidait la nouvelle forme du gouvernement de la France.


III – Le rétablissement de l’empire

Session extraordinaire du sénat et du corps législatif. — Senatus-cousulte et plébiscite rétablissant l’empire. — Journée du 2 décembre. — Reconnaissance de l’empire par les cabinets. — Modifications à la constitution. — Mariage de l’empereur.

Le 19 octobre, le journal officiel publia un décret, daté de Saint-Cloud, qui convoquait le sénat pour le 4 novembre suivant ; ce décret était précédé de quelques considérations sur la manifestation qui venait de se produire dans toute la France en faveur du rétablissement de l’empire, et qui imposait au prince président de la république le devoir de consulter le corps chargé du maintien et du développement de la constitution. Si la conséquence de ses délibérations était un changement dans la forme du gouvernement, le sénatus-consulte qu’il aurait adopté serait soumis à la ratification du peuple français. Pour donner à cet acte toute l’autorité qu’il devait avoir, le corps législatif serait appelé à constater la régularité des votes, à en faire le recensement et à en déclarer le résultat.

La première séance du sénat s’ouvrit pas un discours du prince Jérôme Bonaparte, suivi d’une communication du gouvernement. Le ministre d’état lut un message du prince-président. Le message déclarait que la nation venait de manifester hautement sa volonté de rétablir l’empire. Si le sénat adoptait ce changement, il penserait sans doute, ainsi que le prince, que la constitution de 1852 devrait être maintenue, et alors les modifications reconnues indispensables ne toucheraient en rien aux bases fondamentales. « Le changement qui se prépare, ajoutait le message, portera principalement sur la forme, et cependant reprendra le symbole impérial est pour la France d’une immense signification. En effet, dans le rétablissement de l’empire, le peuple trouve une garantie à ses intérêts et une satisfaction