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au conseil d’étal et commissaire du gouvernement, aidé de son collègue M. Stourm, de MM. Devinck, Monier da la Sizerane et de quelques autres députés, répliqua en défendant à la fois l’esprit de la constitution et le budget.

Les objections que M. de Chasseloup-Laubat avait indiquées dans son rapport, et dont quelques membres s’étaient faits aussi les organes dans la discussion générale, se reproduisirent à l’occasion du débat des articles. Elles portaient principalement sur l’inscription des dotations sénatoriales au chapitre de la dette viagère, ce qui, suivant quelques orateurs, leur enlevait le caractère de dotations pour leur donner celui de pensions, — sur les dépenses secrètes qui figuraient à la fois au ministère de l’intérieur et à celui de la police, et que l’on eût voulu attribuer au ministère de la police seulement, — sur la création de ce ministère lui-même, dont plusieurs membres contestaient l’utilité, — sur les dépenses de l’état-major de la garde nationale, qui, plus élevées qu’autrefois, bien que l’importance de la garde nationale eût diminué, paraissaient à quelques-uns superflues, — sur l’effectif de l’armée, dont on croyait pouvoir demander la réduction en présence de la situation paisible dans laquelle la société était rentrée. Les objections ainsi soulevées furent combattues avec beaucoup de résolution par les conseillers d’état organes du gouvernement, et abandonnées en général par la commission elle-même dans un esprit de conciliation.

La majorité vota, en toute occasion, conformément aux vœux du pouvoir, et les craintes que l’esprit du rapport de M. de Chasseloup-Laubat aurait pu faire concevoir en d’autres temps se trouvèrent ainsi écartées par la seule puissance de la situation politique, plus forte que toutes les considérations d’économie.

Le budget des recettes, dont M. Gouin avait été nommé rapporteur, fut voté sans difficultés. Un projet de loi destiné à demander la création de nouveaux impôts sur divers objets de luxe ainsi que sur le papier, enveloppé dans la défaveur de la liberté de la presse, fut accueilli avec quelque défiance par l’opinion et retiré par le gouvernement. Tels sont les principaux incidens de la première session du corps législatif, session essentiellement pacifique, et qui ne pouvait donner aucune impulsion aux opinions du dehors, ni subir l’influence des partis. Le pays sentait d’ailleurs très justement que la solution des grands intérêts dont il était préoccupé se débattait dans