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elle avait respecté ce qui était, au point de vue même de plusieurs membres de la majorité de l’assemblée législative, plus dangereux que le monopole universitaire, les méthodes d’enseignement.

Évidemment, une administration en mesure de trancher dans le vif pouvait seule essayer une réforme fondamentale de ces méthodes consacrées par les institutions et l’usage. Ce fut l’une des pensées prédominantes du nouveau gouvernement. Il entreprit de développer en quelques points et de corriger sur d’autres les dispositions de la loi du 15 mars 1850 ; mais il osa aussi ce que la majorité de l’assemblée législative avait hésité à tenter : il se proposa de refondre les méthodes et de modifier l’esprit de l’enseignement, et c’est, avec une persévérance très résolue que le gouvernement du prince Louis-Napoléon, sous ses deux formes de république ou d’empire, a poursuivi la réalisation d’un plan dont tous les développemens viennent d’un même principe et convergent vers un même but.

REORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENT. — La tâche d’accomplir les réformes que l’avènement du prince Louis-Napoléon au pouvoir devait entraîner dans l’enseignement public avait été dévolue, par un décret du 3 décembre 1851, à M. Fortoul, précédemment membre de l’assemblée législative et un moment ministre de la marine. On ne tarda point à voir quelles directions le ministre de l’instruction publique allait adopter poux règle de son administration. Deux mesures en elles-mêmes secondaires vinrent indiquer les influences qui devaient dominer dans le département de l’instruction publique. Un décret du 7 février 1852 déféra directement au chef de l’état la concession des bourses des lycées, qui depuis 1848 était livrée au concours et dépendait des décisions souveraines d’une commission particulière. Le 29 février suivant, un autre décret proposait un prix de 50,000 fr. à l’auteur de la découverte qui rendrait la pile de Volta applicable avec économie soit à l’industrie comme source de chaleur ou de lumière, soit à la chimie, soit à la mécanique, soit à la médecine pratique. La pensée de la nouvelle administration de l’instruction publique était dans ces deux mesures qui révélaient la double préoccupation de rétablir dans toute sa force l’autorité du pouvoir suprême sur le corps enseignant et en même temps de réformer les études en vue du développement pratique des sciences.

Le gouvernement considérait toutefois le rétablissement de la hiérarchie comme le premier but à poursuivre, aussi bien pour faciliter le succès des réformes ultérieures que pour mettre l’organisation du corps enseignant en conformité avec les principes d’autorité sur lesquels reposait la constitution nouvelle du pays. De là le décret du 9 mars 1852. D’après ce décret, le pouvoir central nomme et révoque directement tous les professeurs, fonctionnaires et agens de l’instruction publique, quel que soit leur rang dans la hiérarchie, Réservé aux épreuves d’agrégation qui conduisent au professorat, le concours est supprimé pour les chaires elles-mêmes. Le pouvoir, admet le système des présentations de candidats et l’étend même à tous les ordres de facultés ; mais il ne se reconnaît plus comme obligé de choisir nécessairement entre les candidats présentés. Le chef de l’état, sur la proposition du ministre, nomme les