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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

Celui que la soif n’entraîne pas,
Sur qui son réseau ne s’étend absolument plus,

Celui-là est un Buddha à l’héroïsme (parfait) qui ne tient à rien.
Comment aurait-on prise sur lui pour l’entraîner ?
Celui dont la victoire est complète et ne s’amoindrit pas,
Dont le monde ne peut absolument pas triompher.

Celui-là est un Buddha d’une conduite (parfaite) qui ne tient à rien.
Comment aurait-on prise sur lui pour l’entraîner ?
Celui dont la victoire est complète et ne s’amoindrit pas
Dont le monde ne peut absolument pas triompher.

Celui-là est un Buddha à l’héroïsme (parfait) qui ne tient à rien,
Comment aurait-on pris sur lui pour l’entraîner ?


Udâyî répondit : Je rapporterai cela au roi Çuddhodana. — Bhagavat reprit : Les messagers du roi ne sont pas tels (que tu te montres). — Comment sont-ils donc, Bhagavat, les messagers du roi ? — Ils se rasent les cheveux, revêtent des habits rouge clair et se font initier. — Bhagavat, j’ai donné au roi Çuddhodana ma parole de revenir près de lui. — Fais-toi initier, et pars ensuite, reprit Bhagavat.

(C’est ainsi que dans la série des existences où Bhagavat n’était encore que simple Bodhisattva, père, mère, maître, précepteur, guru ou personne faisant fonction de guru, avaient beau lui adresser des paroles conformes à la loi, il n’en tenait aucun compte[1].)

Bhagavat n’eut pas plutôt prononcé cette parole que Udâyî répondit : Bhagavat, je me ferai initier.

Bhagavat dit alors à l’âyuṣmat Çâriputra : Çâriputra, initie Udâyî : Ce sera pour lui un avantage de longue durée, une (grande) utilité, un (grand) bien. L’âyusmat Çâriputra répondit : Vénérable, il sera fait selon tes ordres. — À ces mots, selon ce qu’il avait entendu dire à Bhagavat, il initia et reçut solennellement Udâyî ; puis il lui dit : Voici ce que tu dois faire, voici ce que tu ne dois pas faire : tu ne dois plus dormir avec une femme, etc.[2].

  1. « Il n’y faisait aucune réponse, » dit le passage du volume IV du Dulva parallèle à celui-ci. Cette parenthèse singulière est destinée sans doute à mettre en relief la haute supériorité morale du Buddha. Il fait la leçon à tout le monde et ne la reçoit de personne.
  2. Cette prescription est une des plus importantes de la discipline bouddhique ; est-ce d’une manière absolue la plus importante ? Il suffit de dire que, pour le personnage dont il s’agit, c’était la plus nécessaire et la plus topique, celle qu’il convenait de mettre au premier rang.