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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

nant l’arrivée de Udâyî, Guptikâ s’était assise à l’entrée du la maison, tout en larmes. Udâyî la voyant lui dit : Guptikâ, pourquoi es-tu (dans cet état) ? — Elle répondit : pourquoi, mon mari étant mort, toi aussi m’as-tu abandonnée ? — Udâyî fit alors cette réflexion : Si je lui dis (simplement) de ne pas pleurer, son désespoir ne fera qu’augmenter : or, il faut que je le fasse cesser. — Cette idée bien fixée dans son esprit, Udâyî dit à Guptikâ : « Guptikâ, à quels exercices pénibles le Bodhisattva ne s’est-il pas soumis lorsqu’il abandonna ses épouses Yaçodharâ, Gopâ, Mṛgajâ et soixante mille autres femmes ? de quelle poussière n’a-t-il pas couvert ses pieds dans ses courses errantes ? Et toi, tu manquerais de courage ! » — Guptikâ resta silencieuse. — Udâyî reprit : « Je ne t’ai point abandonnée ; c’est même à cause de toi que je suis venu ici. Maintenant que j’ai reçu des mains du roi ta personne, ta maison, toutes tes richesses, habiteras-tu ici ? Viens (plutôt) à Kapilavastu. » Elle se dit alors en elle-même : « Si je vais à Kapilavastu, les Brahmanis ne me laisseront pas en vie. » Après avoir fait cette réflexion, elle répondit : « C’est ici (que je demeurerai) ; » et, en effet, elle habita là. Depuis lors, Udâyî eut deux maisons, l’une à Çrâvastî, l’autre à Kapilavastu.


3. résumé de la vie de çâkya depuis ses mortifications jusqu’à son
retour à kapilavastu

Dans le temps où le bienheureux Bodhisattva, après s’être livré pendant six ans à des mortifications, vit que les mortifications ne sont rien ; où, après avoir épuisé son souffle inutilement, avoir anéanti son souffle inutilement, il demanda une soupe au riz chaude et des aliments en abondance ; où, après avoir enduit ses membres de beurre fondu et d’huile, les avoir lavés avec de l’eau chaude, il s’approcha de la ville et demanda aux deux filles d’un habitant, Nandâ et Nandâbalâ, une soupe au miel, à seize reprises ; où, sur l’invitation du roi Nâgas, Kâlika[1], il prit des herbes de bénédiction, emporta avec lui des herbes d’une teinte semblable à celle de l’or, se rendit au lieu où était Bodhimaṇḍa ; et là, ayant préparé de ses propres mains un tapis d’herbes, assis les jambes croisées, le corps droit, ayant mis sa mé-

  1. Ou « Kala » Tib. Nag-po, « le noir. » (Voir ci-dessus p. 9.)