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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

loin de la demeure de l’ermite Kapila, les Brahmanes qui connaissaient les signes et les indices diront : Si ce jeune homme habite dans l’intérieur du palais, il sera roi Cakravartin, etc. (comme ci-dessus). Telle fut la prédiction, et le bruit s’en répandit au loin.

Quand le jeune prince des Çâkyas naquit sur le bord de la Bhâgirathî, près de la pente de l’Himavat, non loin de la demeure de l’ermite Kapila, les rois de la région limitrophe eurent connaissance de la prédiction faite par les Brahmanes connaisseurs des signes et des indices, qui disaient : Si le jeune homme reste dans le palais, etc. (comme ci-dessus).

Ayant donc entendu la prédiction, les rois de la région limitrophe firent la réflexion suivante : Si l’on use de bons traitements, le fruit de cette œuvre se développera en son temps. Qui donc faut-il bien traiter (aujourd’hui) ? Voilà ce qu’ils pensaient, et ils se dirent encore en eux-mêmes : C’est le roi Çuddhodana qu’il faut bien traiter ; si on le traite bien, c’est le jeune homme qu’on traite bien en sa personne. Là-dessus, ils résolurent de cultiver l’amitié du roi Çuddhodana. De temps en temps, ils lui envoyaient des messagers pour se prosterner devant lui et lui offrir des cassettes pleines de richesses.

Cependant cette pensée vint à l’esprit du roi Çuddhodana : Quand mon fils est né, tous mes desseins (ont été réalisés), la fin de tous mes travaux a été atteinte. Par conséquent, à cause de cela, le nom du jeune homme sera fixé à ces mots : « tous desseins accomplis[1]. » Telle fut sa réflexion, et le nom de celui-ci fut définitivement Sarvârthasiddha[2].

Dans le temps où le bienheureux Bodhisattva devenu grand, après avoir rencontré un vieillard, un malade et un mort, fut dans des dispositions d’esprit telles qu’il alla s’enfoncer dans la forêt, en ce temps-là le roi Çuddhodana et les Çâkyas envoyèrent (de côté et d’autre) des troupes de deux cent cinquante hommes pour obtenir des renseignements exacts ; (ils revinrent dire :) Là bas, le jeune prince vit chaque jour soit d’un seul grain de sésame, soit d’un seul grain de gros riz, soit d’un seul haricot, soit d’un seul petit pois, soit d’un seul fruit de cyprès, soit d’un seul pois

  1. Tib. : Don-lhams-cad-grub pa.
  2. Équivalent sanskrit du nom tibétain ci-dessus. Le Lalitavistara l’emploie : mais le mot Siddhârtha, qui a l’avantage d’être plus court, tout en disant presque autant, est plus employé.