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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
on voit que madhakhayâosca est déjà pour le Saddar la sauterelle. Or entre madhakha et malakh il n’y a d’autre différence que le changement de dh médial en l, ce qui justifie la traduction de Aspandiârjì et donne du même coup la vraie lecture du pehlvi correspondant, dans lequel s peut aussi bien se lire aig, ce qui, au lieu de mas-oci, donne maig-oci : or maig est un doublet persan de malakh et signifie aussi « sauterelle ». Pour sûnô, transcrit sana dans le Saddar[1], la traduction de Frâmjî repose sur une version persane du Saddar où sûnô, transcrit sin, est glosé پشه « moustique ». Mais l’analyse du Vendidad, dans le Dînkart, qui repose sur un texte pehlvi plus ancien que le Saddar ou que notre traduction pehlvie (West, Pahlavi Texts, IV, 158 n.), au lieu de tûn, a tanand « araignée », mot qui ne diffère de tûn que par un trait qui, étant souvent parasite, a pu aisément tomber. Nous traduirons donc : « ils renforcent le plus les araignées et les sauterelles ».


II. Yashts. — Pour la plus grande partie des Yashis, nous n’avons pas de traduction pehlvie ancienne et les traductions indigènes ne reposent pas sur une tradition ininterrompue. Ici l’école traditionaliste se croit donc forcée de recourir aux procédés de l’école étymologique qui a fait des Yashts son domaine favori. Voici un exemple, entre beaucoup, qui prouve que nous ne sommes pourtant pas ici absolument réduits à nous-mêmes et « à défaut d’une traduction en règle, le Shah Nàma donne la clef des Yashts avec plus de sûreté que les combinaisons étymologiques les plus ingénieuses, parce que c’est la même histoire qu’il conte en d’autres termes »[2].
Yasht V, 34 (IX, 14 ; XV, 24 ; XVII, 34) :
Thraêtaona (Ferìdûn), au moment d’attaquer Azhi Dahàka (Zohâk), le meurtrier et le successeur de Jamshîd, supplie la déesse Ardvi Sùra Anàhila de lui donner la victoire sur Azhi Dahàka, aux trois gueules, aux trois
  1. Un des manuscrits de M. West [(Pahlavi Texts, III, 337, note 3) a sâl, ce qui fait que M. West traduit » l’année que les sauterelles viennent » : mais sâl vient d’une erreur du copiste qui a pris sana pour l’arabe sanat « année ».
  2. Études iraniennes, I, ix, 1883.