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ZEND-AVESTA – INTRODUCTION, II : L’AVESTA
« Ce sont ces damnés, dépeceurs de cadavres, qui renforcent le plus l’hiver, créé des Daêvas, l’hiver, tueur de troupeaux, etc. »
Les mots laissés sans traduction, sûnô madhakhayâosca, sont rendus en pehlvi par deux mots inintelligibles : tûn (écrit en pazend) masoci, ce qui a rejeté l’école traditionaliste du côté de l’étymologie. M. Spiegel traduit : « Sie sind dem Hunde Mudhakha am hülfreichsten », ils aident le plus le chien Madhakha, le chien Madhakha étant un chien fabuleux. Il ajoute, dans son commentaire : « Aspandiàrjì, chose étrange, entend les mouches et les sauterelles, traduction que rien ne motive. »
M. de Harlez traduit : « ils favorisent la puissance du chien Madhaka » et ajoute en note : « Madhaka est qualifié de chien dans ce paragraphe : mais le mot pehlvi correspondant à cette épithète est peut-être en rapport de signification avec le néo-persan tûni, brigand. »
Ajoutons enfin, pour être complet, la traduction d’Anquetil : « Celui qui aide lui-même un chien à porter un mort (dans l’eau) est Darvand. »
Le pehlvi étant inintelligible, nous sommes forcés de descendre à la forme la plus moderne de la tradition, la traduction de Fràmjì. Il traduit, comme l’a remarqué M. Spiegel : « cet homme est le pire allié des moustiques et des mouches » (te macchar mànkh iàrînô bàpnàr ghaṇi thâi). Il ajoute en glose : « il est le pire allié des moustiques, des mouches et des sauterelles, c’est-à-dire que, quand l’on jette de la matière morte au feu ou à l’eau, les moustiques, les mouches et les sauterelles (macchar ane mànkh ane tid) deviennent plus nombreux. » Donc pour Aspandiârjì, le groupe pehlvi tûn masoci signifie « moucherons et sauterelles ». Cette interprétation, il ne l’a pas inventée : car nous la retrouvons des siècles auparavant dans le Saddar, ouvrage antérieur au moins au xve siècle et probablement de beaucoup plus ancien : « Si un homme, dit le chapitre lxxii, porte un cadavre à l’eau ou au feu, il mérite la mort. Et il est dit dans la Loi que quand les sana et les sauterelles (malakh) se multiplient, cela tient à ce que l’on a porté un cadavre à l’eau ou au feu[1]. Laissant de côté sana qui répond évidemment au sûnô du texte original,
  1. Ce dra (dar) dìn framàyat ké sna malakha bisyâr âiṭ azànjéhéṭ aiṭ ké nasà ba àbù àtash rasànídah bâshaṭ.