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ZEND-AVESTA. — INTRODUCTION I : LES ÉTUDES ZOROASTRIENNES
recueillis dans la littérature parsie du moyen âge, enfin l’utilité d’une traduction, si imparfaite qu’elle fût, qui présentait aux savants une base de discussion. Pour consulter utilement la tradition pehlvie, M. Spiegel dut se livrer à de longues études sur la langue où elle est consignée : de là sortirent sa Grammaire de la langue parsie (1851), et son Introduction à la littérature traditionnelle des Parsis(1860). Ces ouvrages présentaient dans une certaine mesure le même défaut de précision que la traduction, et ses compatriotes lui reprochèrent amèrement de n’avoir connu qu’une partie infime de la littérature pehlvie et de n’avoir pas songé à éclairer le pehlvi des manuscrits par celui des monuments. Mais ici encore M. Spiegel était le premier à la peine et il était juste de lui laisser l’honneur. Ces vastes travaux aboutirent au Manuel de la langue zende de M. Justi[1], merveille d’ordre et de patience. Ce Manuel comprend : 1o un dictionnaire complet de la langue zende donnant, à chaque mot, tous les passages où il paraît et le sens qu’il y possède, avec l’étymologie sanscrite et iranienne ; 2o un relevé complet de toutes les formes et de tous les faits grammaticaux ; 3o une chrestomathie. Ce Manuel, malgré l’imperfection des traductions qu’il renferme et qui ne font en général que reproduire celles de M. Spiegel, est aujourd’hui encore, par la masse encyclopédique de renseignements qu’il renferme, le livre le plus utile qui ait encore été rédigé pour initier l’étudiant, et l’instrument indispensable de toute recherche originale[2]
En regard de l’école traditionnelle, représentée par M. Spiegel, se dressa l’école étymologique ou plutôt védisante, qui remonte en réalité à Bopp. Bopp, s’appuyant sur les travaux de Burnouf et sur ses propres recherches,
  1. Handbuch der Zendssprache, Leipzig, 1864 ; 1 in-4o, pp. xvii-424.
  2. 2. L’auteur rendrait un service de premier ordre aux travailleurs de l’avenir en refondant son Manuel et y incorporant le résultat des recherches des trente dernières années. Il y aurait lieu : 1o d’incorporer le vocabulaire des fragments zends très nombreux qui ont été publiés ou découverts depuis 1864 ; 2o de joindre à chaque mot zend la traduction traditionnelle telle qu’on la trouve dans les traductions pehlvies, sanscrites et autres ; 3o de réviser soigneusement la traduction allemande ou de la supprimer, car pour le spécialiste la traduction indigène suffit et pour les autres elle peut être une source d’erreur : la moitié des erreurs commises par les linguistes dans l’usage du zend viennent de ce qu’ils ont pris pour certaines et universellement admises les interprétations du Manuel.