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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


Khshatra 10[1], et à l’accroissante Ârmaiti 11[2] : venez à mon appel, pour ma joie !


4. moi qui donne le Paradis à l’âme, avec l’aide de Vohu Manô 12[3] et leur récompense [divine] aux œuvres 13[4] [faites] en connaissance de Mazda Ahura 14[5], autant je le désire et le puis, je veux apprendre aux hommes à chercher l’Asha 15[6].


5. Quand te verrai-je connu 16[7], ô Asha, et toi, Vohu Manô ? [Quand verrai-je] le trône d’Ahura 17[8] ? [Quand verrai-je] obéissance au très Bienfaisant Mazda 18[9] ? Quand notre langue donnera-t-elle aux brutes 19[10] la foi 20[11] en cette Parole, la plus grande de toutes ?
  1. 10. « L’indéfectible Souveraineté ». Khshathra (Vairya ; Skahrêvar), la Souveraineté absolue ; le troisième Amesha-Speñta ; voir p. 24, — « C’est-à-dire que la souveraineté des Amshaspands est solide ».
  2. 11. Spenta-Ârmaiti, Spandârmat, la Piété Bienfaisante ; le quatrième Amshaspand ; voir p. 24. — varedaiti, vâlishn dâtar (P.), vriddhidâyà (N.) ; comme déesse de la terre.
  3. 12. L’âme devient digne du Paradis par Vohu Manô, c’est-à-dire par la Bonne Pensée, par la Vertu. — meñgairim daidè, dar Garôtmân yahbûnêt (P.) ; v. Études iraniennes, II, 163-165.
  4. 13. ashishça shyaothnanâm dépend de daidê comme urvànem.
  5. 14. « Et de sa loi » (P.) ; vîdush, participe parfait pris adverbialement ; cf. notes 31, 33.
  6. 15. L’Asha, le bien suprême, le bien moral et religieux.
  7. 16. « Quand verrai-je le temps où chacun te connaîtra vertueusement ? » (N.).
  8. 17. gàtùmca Ahurâî. Paraphrase du Dînkart, IX, 50, 16 : « Celui qui donne des ordres pour faire progresser la cause d’Auhrmazd, celui-là apprend aux hommes comment voir le trône d’Auhrmazd » ; ou bien : « le lieu d’Ahura », gâtu, gâs, signifiant à la fois « lieu » et « trône ». On pourrait songer aussi à « [Quand verrai-je] libre place à Ahura ? », c’est-à-dire sa religion seule maîtresse (cf. Yt. XIII, 99, l’emploi de ravô) ; cette traduction cadrerait mieux avec le sens de la seconde partie de la phrase.
  9. 18. « Chacun ayant un Dastûr dont il suit les instructions » (P.).
  10. 19. khrafstra ; ce mot, qui dans les parties plus modernes de l’Avesta désigne les animaux malfaisants, s’applique aux hommes dans les Gâlhas et est traduit khrat start (N. buddhi-jada), « confondu d’intelligence ». La traduction « brute » marque le rapport des deux emplois. La traduction pehlvie a tout d’abord l’air d’une fantaisie étymologique : mais comme l’emploi moral des Gâthas est certainement plus ancien, il ne serait pas impossible que cette étymologie fût exacte et que khrafstra soit pour khrat(u)-stara, d’où * khrath-stara * khrafstara ; cette forme khrat se retrouve dans ashkhrath-wañt « très intelligent » (Yt. X, 141), évîtô-kharedh-a « à l’intelligence égarée » (Y. X, note 46), et se réduit à khra dans ash-khràhvanu (v. Y. XIII, note 15) et khra-paiti (Y. XL, 1).
  11. 20. vàurôimaidi * vàrayamadi ; aimanûnîn — « faire croire » ; cf. vàurayâ, Y. X.XXI, 3 b ; XLVII, 6 d, et parsi varôîdan « croire ».