Page:Annales du Musée Guimet, tome 21.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
ANNALES DU MUSÉE GUIMET


Gâdâômand, signifie « le mont où est le Hvarenô 7[1] » et par suite cache sans doute un nom iranien Farrukh. On met la seconde, le mont Rôshan, dans le pays de Kâbûl d’après une lecture incertaine du texte publié : le Grand Bundahish la met dans un pays dont le nom est aussi incertain, mais semble être Kârikân matâ, « le pays de Kârikân » ; le pehlvi Kârikânserait en persan Kâryân ; or Kâryânest précisément le nom d’une ville de Perse, célèbre jadis par un feu sacré qui, disait-on, était le feu de Jamshîd transporté du Khvârizm (Maçoudi, IV, 76 ; cf. Yaqout, 471) 8[2]. Selon une autre tradition, c’est à Dârâbjird 9[3] fut transporté le feu sacré ; Maçoudi l’y vit en 332 de l’hégire (944) : on l’appelait âzar jûi « le fleuve de feu. »

Une parcelle de ce feu passa pour avoir été emportée aux Indes par les Parsis fugitifs ; car le Rivàyat de Shâpûr Barûjî met le feu Khordâd en Inde sur la montagne de ...... que l’on appelle ........ 10[4] : nous avons affaire évidemment au feu sacré du volcan Javalamukhi, près de Kangra, qui est toujours un objet de pèlerinage pour les Hindous et qui a dû être, il y a quelques siècles, un centre parsi.


La seconde invocation du feu est suivie dans le Sîrôza de l’invocation du roi Husravah, du mont Âsnavant et du lac Caêcasta. Cette triple invocation prouve qu’il s’agit du feu des guerriers, Gushasp. « En effet, rapporte le Bundahish, comme Kai Khosrav (Kavi Husravah) détruisait un temple d’idoles près du lac Caêcast, le feu Gûshnasp se plaça sur la crinière de son cheval, dissipa les ténèbres et fit la lumière jusqu’à ce que le temple fût détruit : alors Kai Khosrav établit le feu sur un autel sur le mont Âsnavand ». Le Caêcasta nous transporte dans l’Adarbaijân, comme nous y conduit d’ailleurs directement Nériosengh : Caêcasta est le nom iranien du lac Urumia, qui longtemps porta dans la géographie persane le nom de

  1. 7. La montagne aurait donc reçu son nom du feu sacré qu’elle portait.
  2. 8. A la conquête arabe, les Mages, craignant que le feu vénéré dans ce temple ne fût éteint par les conquérants, n’en laissèrent qu’une partie à Kâryân et transportèrent le reste à Nisâet Al-Baidhâ, en Perse, pour conserver l’un des autels si l’autre était détruit (Maçoudi, l. l.).
  3. 9. Probablement l’Âdar Khûrâ, voisin de Dârâ, où le roi Firôz (457-484) va prier pour la pluie (Albîrunî, Chronology, tr. Sachau, p. 215).
  4. 10. .... ...... ... . .. ... .... ... . ...... ... .. ... Rivâyat J. D., II, 3 b.