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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


ami » ; cf. Y. XIII, 2 [XIV, 4] : c’est le feu qui brûle dans le corps de l’homme (où il se manifeste par la chaleur vitale).

Urvâzishta : firàkh zîvishn « de large vie » : traduction artificielle et étymologique du mot, décomposé en urvâ-zishta ; le vrai sens semble être « chaud » ; du moins, urvâzishtãm (Y. XLIX, 8), traduit par urvâzishn, est glosé garmôk « chaleur », Urvâzishta est le feu qui brûle dans la plante (qui s’enflamme par le frottement).

Vâzishta : vâzisht « le très rapide ? », nom du feu qui frappe le démon Spanjaghra (c’est-à-dire de l’éclair ; cf. Vd. XIX, 40, 135).

Spénishta : afzûnîk « bienfaisant, accroissant » ; nom du feu céleste qui, dans le Garôtmân, brûle devant Auhrmazd.

Nériosengh, le Bundahish et les Rivâyats donnent les mêmes définitions, sauf qu’ils intervertissent les définitions de Berezisavaňh et de Spénishta : ils font de Berezisavaňh le feu qui est devant Auhrmazd ; et Spénishta devient le feu dont on se sert sur terre et le feu Bahrâm (Bundahish), le feu qui se trouve dans les pierres précieuses (Nériosengh), le feu qui est dans les pierres (Rivâyat de Shâpûr Barûjî). La paraphrase de Zàd Sparam, XI, 1 sq., qui a interverti l’ordre de Berezisavaňh et de Spénishta, afin de commencer par le feu le plus auguste, celui du Paradis, mais a conservé à l’un et à l’autre la définition du Commentaire pehlvi, est décisif en faveur de ce dernier.

Le Bundahish et Nériosengh donnent de cesfeux une autre classification, fantasquement scientifique, fondée sur leurs appétits. « De ces cinq feux, il y en a un qui boit et qui mange : c’est celui qui est dans le corps de l’homme ; un autre qui boit et qui ne mange pas : c’est le feu des plantes qui vivent et croissent par la pluie ; un autre qui mange et qui ne boit pas : c’est celui dont on se sert dans l’usage et le feu Bahrâm ; un autre qui ne boit ni ne mange : c’est le feu de l’éclair ; et aussi le feu Berezisavah (lire Spénisht). » Bund. XVII, 2-3.

Cette classification a eu un grand succès chez les Talmudistes qui l’ont empruntée des Mages avant la clôture de la période des Tanaïm, c’està-dire avant la fin du iie siècle de notre ère, l’ont modifiée et appliquée aux légendes bibliques et post-bibliques (J. Darmesteter, Les six feux dans le Talmud).