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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


survival d’un état où il était général, comme il l’est à présent chez les Parsis, et que la Perse zoroastrienne tout entière le pratiquait dans les mêmes termes, c’est-à-dire entre parents du second degré. Mais la littérature pehlvie contient des passages nombreux qui prouvent que le Khêtûk-das pouvait être encore quelque chose d’autre et de plus étrange. M. West a réuni un nombre considérable de textes de ce genre 3[1], et bien que sur l’interprétation de quelques-uns d’entre eux on puisse différer d’opinion, il en est d’une clarté et d’une précision qui ne laisse rien à désirer et devant laquelle ne tiennent pas les doutes que Darabji, le fils du grand prêtre Peshotanji Sanjana, a soulevés dans un habile essai de réfutation, où les observations ingénieuses ne manquent pas, mais dont la méthode n’est pas suffisamment rigoureuse 4[2]. Le Dînkart contient entre autres un long passage, consacré à la défense du Khêtûk-das contre les attaques d’un Juif. Une grande partie des arguments donnés par le Dînkart s’applique parfaitement aux mariages entre cousins : ce sont les arguments physiologiques du breed in and in et les arguments moraux que l’on devine : sécurité des relations entre époux qui se sont connus de tout temps et ont grandi dans le même milieu et les mêmes mœurs. Mais l’auteur, sans ignorer le mariage entre cousins, met au premier rang, comme constituant les trois formes les plus parfaites du Khêtûk-das, le mariage entre père et fille, le mariage entre mère et fils, le mariage entre frère et sœur. C’est à trois unions de ce genre que l’humanité doit et la vie et l’exemple même du Khêtûk-das. Le premier de ces Khêtûk-das, le plus sacré, est celui d’Auhrmazd avec sa fille Spendârmat (Spenta-Ârmaiti), la Terre 5[3] ; de ce Khêtûk-das entre père et fille est né le premier homme, Gayômart (Gayô Maretan). Quand Gayômart

  1. 3. The meaning of Khêtùk-das (dans les Pahlavi Texts, II, 389-430).
  2. 4. Next-of-kin marriages in old Iran, by Darab Dastur Peshotan Sanjana, B. A., London, 1888, 118 p. in-18.
  3. 5. Cf. ce passage du Rivàyat pehlvi (ll. p. 415) : Un jour Zoroastre se tenait devant Auhrmazd, les Amshaspands se tenaient autour de leur chef, mais Spendarmat était près de lui, la main autour de son cou et Zoroastre lui demanda : Quelle est cette créature qui se tient près de toi et qui te semble si chère ? tu ne détournes pas les yeux d’elle, ni elle de toi ; tu ne lâches pas sa main, ni elle la tienne. « Et Auhrmazd répondit : C’est Spendarmat, ma fille, ma maîtresse de maison, la mère des créatures » (danâ Spandarmat li barlà afam katak bânûk i Vahisht u am i dâmân ; cf. Y. XVI, 10).