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ZEND-AVESTA  : YASNA 10. — HÔM-YASHT 2
14 (39). Ne sois pas comme l’étendard de peau de bœuf ! ne te sépare pas rapidement de moi 42[1] !

Que les pensées 43[2] se répandent en moi, qu’elles aillent faisant le désir du Seigneur !

O saint Haoma, saint de nature, je le donne ce corps 44[3] qui me semble si beau.
15 (42). Je fais tomber en t’agitant 45[4] la maison de la méchante à l’esprit égaré 46[5], qui s’imagine tromper l’Athravan et Haoma, et qui elle-même est trompée et périt.
  1. 42. Phrase obscure. Le sens général est celui d’une prière adressée à Haoma de rester dans le corps de celui qui le boit, pour y produire ses effets fortifiants et sanctifiants. Le pehlvi dit : « De même que l’étendard de cuir ne peut rester dans un même endroit » (sans doute à cause du vent qui l’agite) « ainsi, à cause de ma condition de pécheur, tu ne restes pas en moi. » — gaush drafsha : P. tórâ drafsh, N. gopatàkâya « étendard de bœuf », c’est-à-dire de peau de bœuf, de cuir : c’est d’un tablier de cuir que le forgeron Kàveh a fait l’étendard de la Perse. — àsitô vàrem acairè : P. tiz min vârùm sàtûnî ; Nériosengh a âçuvigrahàt pracara « [ne] va [pas] vite eu séparation (?) » : cependant vârùm est généralement traduit dans les gloses persanes dil « cœur », de sorte que le pehlvi signifierait : « ne sors pas vite de mon cœur ».
  2. 43. madhò : P. minishn, N. vidyâ. Peut-être « les ivresses » (v. note 22) : le texte semble Jouer sur les deux idées, ici et § 19.
  3. 44. imàm tanûm, le corps de Haoma, incarné dans la plante ; c’est Haoma-plante offert à Haoma-Dieu ; voir § 21, note 64. — Cf. Y. XI, 10 [25].
  4. 45. avanharezàmi janyôîsh ; en filtrant le Haoma dans la tasse à neuf trous (bard shahkùnam pun zanishn, aighat bard palâyam « je fais tomber en frappant, c’est-à-dire que je te filtre » ).
  5. 46. C’est-à-dire les femmes de maison, trop bonnes ménagères, qui dérobent à Haoma la part qui lui revient, à savoir la langue, la mâchoire et l’œil gauche de l’animal qu’on égorge (Y. XI, 5, 17). Mauvaise économie qui leur coûtera cher. Cf. § 17. — Les mots que nous traduisons « la maison de la méchante » sont ùnàm mairyayào que Nériosengh traduit çrenim nriçâsânâm « la ligne des meurtriers » et glose vargam nikrishtânâm « la troupe des méchants ». Cette traduction concorde, au moins dans la glose, avec la lecture du pehlvi dans l’édition imprimée, dastak î sarîtarân. Mais les vieux manuscrits ont gristak « le terrier » c’est-à-dire « la demeure » (en parlant des êtres ahrimaniens ; Yd. III, 11, 33) ; quant au mot principal ùnâm, il est rendu dans Pt4 par le groupe qui sert à écrire khorsand, dans J2 par vnannind. Je ne puis déchiffrer le mot ; mais d’après la glose il peut être un synonyme de grîstak : or, le Vd. XVII, 3, 5 connaît un mot una « trou », traduit ou transcrit vnân. Il semble donc difficile de douter de l’identité de notre ùna avec le una du Vendidad.
    mairyayâo est le génitif féminin de mairya (proprement « bandit » ; v. IX, note 56) ; cf. upasma traduit ûnig (Yasna LXX, 46, éd. Sp. : Yp. I, n. 4).

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