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ZEND-AVESTA : YASNA. — HA 2

Avec cette libation et ce baresman j’appelle au sacrifice la bonne Ashi, brillante, grande, forte, de belle taille, pleine de bonté 15[1].

J’appelle au sacrifice la Gloire, créée par Mazda ; j’appelle au sacrifice le Bien-Être, créé par Mazda.

15 (58). Avec cette libation et ce baresman, j’appelle au sacrifice la bonne Bénédiction du juste ;

j’appelle au sacrifice le juste lui-même, saint ;

j’appelle au sacrifice la Pensée de malédiction du juste, Divinité redoutable et puissante.

16 (59). Avec cette libation et ce baresman j’appelle au sacrifice ces eaux, ces terres, ces plantes ; j’appelle au sacrifice ces lieux, ces contrées, ces campagnes, ces demeures, ces étables 16[2].

J’appelle au sacrifice le Maître des terres 17[3], Ahura Mazda.

17 (60). Avec cette libation et ce baresman j’appelle au sacrifice le plus grand de tous les Maîtres 18[4] et les Génies des jours, des veilles, des mois, des fêtes de saison, des années.

Avec cette libation et ce baresman j’appelle au sacrifice les bonnes, puissantes, bienfaisantes Fravashis des saints.

  1. 15. Ashim vanuhim khshôithnim berezaitîm amavaitim huraodhàm hvàparâm ; en retour Cisti, Erethé et Rasâstàt sont omises.
  2. 16. Interversion des deux membres de phrase.
  3. 17. Formule qui remplace l’invocation du vent, des étoiles, de la lune, du soleil, de la lumière infinie, etc. Le rapport du titre d’Ahura shoîthrahê paitim à celui de Mithra dainhupaitim (§ 11) est le rapport de la nature à la politique.
    Nériosengh, rendant à tort dahyu par grâma « village », fait du titre d’Ahura un titre politique, hiérarchiquement supérieur à celui de Mithra ; Mithra serait le maître des villages (gràmapati), Ahura celui des pays (deçapati)..Mais nous avons vu (Hâ I, note 43) que le daińhupaiti et surtout « le daińhupaiti de toutes les dahyus » est un souverain universel. Le mot shôithra, quand il n’est point transcrit, est traduit en pehlvi rûtastâk, rûstâk qui signifie « campagne » et au sens administratif « une étendue de pays, un district » (voir plus haut, page 29). Or comme le sanscrit correspondant kshetra est un champ et que les Védas connaissent une divinité dite Kshetrasya pati « le maître du champ », il est probable qu’Ahura, le maître du shôithra, est Ahura maître des terres. Comme ancien dieu du ciel, c’est lui en effet le Jupiter pluvius qui féconde les champs.
  4. 18. Peut-être : « je t’appelle au sacrifice toi le plus grand des Ratus ». Le pehlvi ajoute : man Auhrmazd « qui est Auhrmazd ».