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SUR L’USAGE DES BÂTONS DE MAIN

gendes en constituent l’intérêt principal. On y trouve, comme d’ailleurs dans tous les textes, des informations souvent très intéressantes.

Le monument le plus vénérable de cet ordre qui soit parvenu jusqu’à nous, n’est point un bâton entier ; ce n’est que la virole de bronze du bâton de Papi (Phiops), roi de la IVe dynastie^^1 ; le cartouche de ce pharaon est gravé sur le métal. Ce petit objet nous montre l’usage vulgaire du bronze répandu en Egypte dès le xxxe siècle environ avant notre ère. On ne possède pas beaucoup d’autres objets de métal d’un âge plus reculé, mais on en trouve la mention dans des textes qu’on peut rapporter à des temps antérieurs à la construction des grandes pyramides. Les mêmes textes nous montrent, à la même époque, l’usage du bâton de main, que certains personnages ne quittaient pas même lorsqu’ils étaient assis^^2.

Il faut citer en second lieu l’extrémité inférieure du bâton de bois garni d’or qui porte le cartouche-prénom d’Amenhotep III, de la XVIIIe dynastie. Ce riche insigne a certainement appartenu à ce pharaon ; il nous parle dès lors d’une époque prospère de l’histoire égyptienne. Il fait partie des trésors rassemblés au musée de Leyde^^3.

Le musée du Louvre possède deux pommes de cannes ayant appartenu l’une au grand conquérant Séti Ier, l’autre à son fils, le célèbre Ramsès II, le pharaon de Moïse.

Je crois qu’ici s’arrête la liste des bâtons royaux ; mais ceux des grands personnages sont bien plus nombreux. Il en existe au musée de Leyde deux qui nous rappellent une époque célèbre des annales pharaoniques, celle de la réforme religieuse tentée par Amenhotep IV, prince qui prit le nom de Khouenaten après avoir proscrit le culte d’Ammon. L’un de ces bâtons porte la légende du scribe Hataï, qui était attaché au temple d’Aten (le disque solaire, objet du culte de la réforme) à Memphis^^4. Sans ce petit monument, nous n’aurions jamais su que la capitale de la Basse-Egypte, dont il ne reste pas aujourd’hui pierre sur pierre, avait possédé un édifice consacré au dieu de Khouenaten.

1 Au British Museum, catalogue n° 5495.

2 Voyez : Mariette-Bey : Album photog. de Boulaq. pl. 12 ; Prisse d’Avenne : Histoire de l’art égyptien, groupe de Ti et de sa femme.

3 Leemans : Musée de Leyde II, pl. 84. n° 82.

4 Leemans, loc. laud., pl. 85, n° 86.