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VOYAGE AU YÛN-NÂN

profondeur ou partant du fleuve. J’estime sa population à 100,000 âmes. Pour faire les 700 à 1000 mètres qui séparent le fleuve de la citadelle et atteindre la porte de l’Est, en traversant en droite ligne la ville marchande, il faut compter dix à douze minutes.

La citadelle a la forme d’un carré et peut mesurer environ 350 mètres de tour. Construites d’après le système Vauban, les murailles sont percées de cinq portes surmontées de toits superposés comme ceux des pagodes. Los fossés sont larges, mais en beaucoup d’endroits il y a peu d’eau. Les approches de chaque porte sont défendues par une demi-lune, entourée d’un fossé qui communique avec les fossés des remparts.

7 janvier. — Nous recevons la visite du colonel Tsaï, qui vient avec une escorte de cinquante soldats, de la part du général Tchèn, commandant dos troupes chinoises en garnison à Bac-ninh et Thai-nguyen. Il nous dit qu’il est envové par son général à la suite de nombreuses dépêches que celui-ci reçoit des Annamites qui nous représentent comme l’avant-garde des brigands de Saïgon venant conquérir le Tong-kin, tout en se disant chargé d’une mission pour les autorités du Yùn -nân. Loin de prêter son appui aux Annamites qu’il connaît fort bien, le général Tchen veut au contraire se mettre à ma disposition pour me faciliter mon passage si j’ai réellement une mission des autorités du Yûn-nâu. Il est vrai, eu effet, que depuis notre arrivée au Tong-kin, les Annamites s’adressent partout pour qu’on les aide à nous chasser. Ils ont écrit lettre sur lettre à Canton et au Kouang-si pour obtenir le concours des troupes chinoises. Il est résulté de tout cela que le fouta (gouverneur) du Kouang-si a donné ordre au général Tchèn de prendre dos renseignements sur cette affaire et de lui adresser un rapport. Les Annamites ont aussi travaillé Tchèn, en lui disant que je veux me faire passer pour l’agent des mandarins du Yûn-nân, mais que les dépêches dont je suis porteur ont été fabriquées par moi. Le colonel Tsaï vient donc pour faire une enquête à ce sujet et savoir ce qu’il y a de fondé dans le dire des Annamites. Ly-Ta-Lao-Yé lui communique mes pouvoirs et lui en donne une copie pour le général Tchèn. Ces infamies de la part des Annamites ne l’étonnent guère, mais il est indigné de l’audace que ceux-ci montrent en cette circonstance ; aussi se propose-t-il d’aller trouver le vice-roi auquel il fait demander pour demain une entrevue. Je l’invite à dîner avec nous à bord du Lâo-kaï,