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VOYAGE AU YÛN-NÂN

5 décembre. — Nous arrivons au Lou-to-kiang à 11 heures du matin. Nous mouillons dans le Thaï-binh, à 1 mille au-dessus de la rivière Gam, par 3 brasses 1/2 d’eau. Nous avons marché doucement pour étudier la rivière, nous n’avons pas trouvé moins de 2 brasses d’eau jusqu’ici. Les soldats aux nombreux pavillons ont disparu à nos regards depuis ce matin.

Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup plus de 45 à 48 milles par le Gam, de Haï-phongau Lou-to-kiang. Le capitaine du Lâo-Kaï, M. d’Argence, estime qu’il y a 54 milles.

A 1 heure, je pars sur ma chaloupe, avec deux Français, quatre Chinois et mon interprète annamite, pour explorer le canal Son-ki. A 6 heure 45, nous venons mouiller Vis -à-vis un grand village où les habitants se livrent à la fabrication des cercueils. Nous voyons là un barrage en construction. Je fais dire au maire que si le barrage n’est pas détruit lors de mon retour, je l’emmènerai lui et le petit mandarin qui est venu porteries ordres et qui assiste aux travaux, à bord de mes grands navires.

La navigation est très facile jusqu’ici ; nous n’avons pas trouvé moins de 2 brasses 1/2 d’eau. Le peuple, qui a l’air de fuir à notre approche, nous paraît très sympathique ; mais l’ordre des mandarins est de se cacher à notre approche, car la vue de nos bateaux porte malheur.

6 décembre. — Hier, personne se voulait nous aider à couper le bois dont nous avons besoin pour la chaloupe, mais ce matin sur l’autorisation du maire, ces braves gens se disputent l’honneur de nous aider. À 10 heures du matin, nous trouvons un fond plat sur toute la largeur du canal, par 1 brasse d’eau. Un peu plus loin les difficultés recommencent et nous finissons par ne plus trouver que 4 pieds d’eau dans le chenal qui est alors très étroit. On nous dit qu’un peu plus haut il y a encore moins d’eau et qu’il existe un fort courant. Nous sommes à 7 ou 8 milles du fleuve Rouge et il nous faut rebrousser chemin : notre chaloupe, qui tire près de 5 pieds, ne peut plus avancer.

La marée monte jusqu’ici et accuse plus d’un pied ; nous éprouvons d’abord quelques difficultés pour nous dégager, car la marée baisse peu à peu. A 4 heures 40 du soir, nous repassons devant le village des fabricants de cercueils, où on travaille à démolir le barrage, et à 9 heures 25 du soir nous sommes auprès du Lâo-Kaï. J’estime qu’il y a du Lou-to-kiang à Hanoi de 42 à 45 milles. Près du Thaï -binh, le Song-ki a une moyenne de 80 mètres, mais